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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/467

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rai enfin Bradley, le modèle des observateurs, et célèbre à jamais par deux des plus belles découvertes que l’on ait faites en Astronomie : l’aberration des fixes et la nutation de l’axe de la Terre.

Quand l’application du pendule aux horloges et du télescope au quart de cercle eut rendu sensibles aux observateurs les plus petits changements dans la position des corps célestes, ils cherchèrent à déterminer la parallaxe annuelle des étoiles ; car il était naturel de penser qu’une aussi grande étendue que le diamètre de l’orbe terrestre est encore sensible à la distance de ces astres. En les observant avec soin dans toutes les saisons de l’année, ils aperçurent de légères variations, quelquefois favorables, mais le plus souvent contraires aux effets de la parallaxe. Pour déterminer la loi de ces variations, il fallait un instrument d’un grand rayon et divisé avec un soin extrême. L’artiste qui l’exécuta mérite une part dans la gloire de l’Astronomie qui lui dut ses découvertes. Graham, fameux horloger anglais, construisit un grand secteur, avec lequel Bradley reconnut en 1727 l’aberration des étoiles. Pour l’expliquer, ce grand astronome eut l’heureuse idée de combiner le mouvement de la Terre avec celui de la lumière, que Roemer, à la fin de l’avant-dernier siècle, avait conclu des éclipses des satellites de Jupiter. On doit être surpris que, dans l’intervalle d’un demi-siècle qui sépare cette découverte de celle de Bradley, aucun des savants très distingués qui existaient alors, et qui tous admettaient le mouvement de la lumière, n’ait fait attention aux effets très simples qui en résultent sur la position des étoiles. Mais l’esprit humain, si actif dans la formation des systèmes, a souvent attendu que l’observation et l’expérience lui aient fait connaître d’importantes vérités que le simple raisonnement eût pu faire découvrir. C’est ainsi que l’invention des lunettes astronomiques a suivi de plus de trois siècles celle des verres lenticulaires, et n’a même été due qu’au hasard.

En 1745, Bradley reconnut par l’observation la nutation de l’axe terrestre et ses lois. Dans toutes ces variations apparentes des étoiles, observées avec un soin extraordinaire, il n’aperçut rien qui indiquât une parallaxe sensible. On doit encore à ce grand astronome le pre-