Page:Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
231
sur les probabilités.

gnorons, et nous ne pouvons en observer que les effets. En vertu de ce mécanisme, les traces de la mémoire, quoique faibles, nous font apprécier leur intensité primitive, que nous pouvons ainsi comparer aux impressions semblables d’objets présens. Nous jugeons de cette manière, qu’une couleur que nous avons vue la veille, était plus vive que celle qui frappe maintenant notre vue.

Les impressions qui accompagnent les traces de la mémoire, servent à nous en rappeler les causes. Ainsi, lorsqu’au souvenir d’une chose qui nous a été dite, se joint le souvenir de la confiance que nous avons donnée au narrateur ; si son nom nous échappe, nous le retrouvons, en rappelant successivement les noms de ceux qui nous ont entretenus, jusqu’à ce que nous parvenions au nom qui nous a inspiré cette confiance.

Les impressions reçues dans l’enfance se conservent jusque dans l’extrême vieillesse, et se renouvellent alors même que des impressions profondes de l’âge mûr sont entièrement effacées. Il semble que les premières impressions gravées profondément dans le sensorium, n’attendent, pour reparaître, que l’affaiblissement des impressions subséquentes, par l’âge ou par la maladie, à peu près comme les astres qu’effaçait la clarté