Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/133

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Or, les Heures, portant deux vases inégaux
Qui versent aux mortels et les biens et les maux,
Autour du genre humain tournaient dans la durée
D’un pas sombre ou brillant par elle mesurée ;
Et l’ivresse d’hymen, si rapide chez nous,
Coulait intarissable aux célestes époux ;
Et dans leur âme encor vierge après ces délices,
L’amour éternisait la douceur des prémices.

Sans qu’un instant jamais de la main ou des yeux
L’époux quittât l’épouse, en ces bois merveilleux,
Où l’ombrage odorant luit de leurs auréoles,
Souvent ils s’en allaient, échangeant leurs paroles.
L’Olympe recueillait leur souffle dans ses fleurs,
Et le bruit de leur voix dans ses oiseaux chanteurs.

À travers les clartés d’une existence neuve,
Psyché revoit les temps du deuil et de l’épreuve ;
Le présent s’embellit de tous les maux passés,
Des tableaux de l’exil à l’époux retracés ;
Et l’âme, alors, planant d’une sphère plus haute,
Rend grâce du bonheur à la première faute.

« Oh ! comme ton regard, séchant mes yeux en pleurs,
A tari vite en moi la source des douleurs !