Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/104

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M’ont souri dans un monde où nous étions ensemble.
Je revois vaguement, comme un rêve lointain,
Briller ce front discret dans un groupe hautain ;
Je retrouve en mon cœur un écho qui me reste,
Parmi d’altières voix, de cette voix modeste. »

— « Je n’ai jamais porté que ces simples habits ;
Vous ne m’avez pu voir qu’au milieu des brebis.
Vos yeux, votre bonté, vous trompent, je le gage ;
Vous êtes de la cour et je suis du village. »

— « Au village, à la cour, sous ces bois chevelus,
Ni mes yeux, ni mon cœur ne s’y tromperont plus ;
Et je ne risque plus, quoique oublié, peut-être,
D’oublier cette enfant ou de la méconnaître. »

— « Passât-il sans me voir, dédaigneux ou rêveur,
Moi pourrais-je, un seul jour, oublier mon sauveur ? »