Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/105

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— « Rien ne vous cacherait, ni serge, ni dentelle. »

— « Je vous devinais bon… »

                                                          — « Moins que vous n’êtes belle… »

— « Seigneur, quand ces méchants m’ont prise en trahison,
Je portais le goûter aux gens de la moisson.
Voyez, là, sous ce chêne entouré de pervenches,
La cruche et le panier couvert de nappes blanches ;
Il faut, après bataille, au chevalier errant,
Mieux que le fruit sauvage et que l’eau du torrent ;
Ce repas de ma main n’est pas œuvre savante.
Acceptez-le, pourtant, de votre humble servante.
Je vous atteste, au moins, que nul méchant sorcier
N’y mêla de poison, si le pain est grossier ;
Que mes fraises, mes noix et le lait de mes chèvres
Ne se changeront pas en crapauds sous vos lèvres. »