Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/111

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Se prête aux plus folles images ;
Où l’œil bâtit dans les nuages,
Où l’âme arrange le destin ;

Restez dans l’aube, à l’heure fraîche
Où la fleur garde son velours.
Laissez son duvet à la pêche :
Fi du glouton qui se dépêche
De la flétrir sous ses doigts lourds !

N’abrégez pas la saison verte
Où nul frelon n’a dérobé
Le miel de la rose entr’ouverte,
Où dans la vigne encor déserte
Nul fruit des rameaux n’est tombé.

Où, pur de tout désir profane,
L’amour est sauvé des douleurs :