Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/129

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— « Sitôt ! je l’aurais cru plus long et moins charmant. »

— « Adieu ! la nuit menace, et, sans perdre un moment,
Vers ce rocher, là-haut où la neige miroite,
Dirigez-vous, suivant toujours la ligne droite.
Adieu ! »

                     La voix tremblante et le cœur tout en feu,
Sans trouver d’autre mot, il répétait : « Adieu ! »
Gardant sa main. L’enfant d’un saut, preste et légère,
S’arrache et disparaît dans la haute fougère.

Il partit, absorbé, sans penser et sans voir.
La nuit n’effaçait point l’éclair de ce beau soir ;
D’une ardente lumière il avait l’âme pleine
Et, toujours, de ce bras sentait la douce chaîne.
Qu’il regretta longtemps ces sentiers hasardeux
Qu’on fait d’un pas si sûr quand on y marche à deux !