Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/162

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Que la voûte et les murs deviennent transparents ;
Et le regard, sans rien qui l’arrête ou le voile,
S’étend, comme en plein ciel des sommets d’une étoile.

Pénétré jusqu’au cœur de ce jour calme et doux,
Le chevalier s’incline et fléchit les genoux
Et, sans lever les yeux sur l’éclatante image,
Se reconnaît vassal et prête son hommage.
Or, du milieu des fleurs, la fée aux doigts de lis
Tout à coup de son voile écarte les longs plis
Et la rustique enfant, l’innocente sirène,
Aussi fraîche, apparaît dans ses habits de reine.
L’amoureux reconnaît ce qu’il avait aimé :
Sur ce front, dans ces yeux, rien ne s’est transformé ;
C’est la même, et pourtant elle est plus belle encore ;
Des grâces du bonheur sa beauté se décore,
Et, dans cet appareil de l’amour triomphant,
L’ange a pu révéler ce que voilait l’enfant.