Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/164

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Il fallait que la fée, afin de rester femme,
D’unir les deux splendeurs de la forme et de l’âme,
Sût, au printemps marqué, d’un amour idéal
Inspirer dans ces bois un chevalier féal.
Un seul jour me restait, et j’allais disparaître…
Vous m’aimez ! après Dieu vous m’avez donné l’être.

— « Vous m’avez arraché, dans ma profonde nuit,
Au sombre esprit du mal qui seul m’aurait conduit ;
Et des hôtes méchants de la forêt impure,
Vos yeux m’ont préservé bien mieux que mon armure.
Mais, pourquoi, l’immortelle en quête d’un amant,
Voiler sa royauté sous un déguisement ?
Pourquoi, bergère usant d’un si long stratagème,
Ne m’avoir rien montré que l’ombre de vous-même ?

— « Si j’ai ces quelques dons, cachés à mon miroir,
Qu’aidés de votre cœur, vos yeux ont cru me voir,