Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/165

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Si, sous l’habit grossier d’une humble bergerette,
J’ai voulu me garder dans une ombre discrète,
C’est qu’en mon faible cœur tout prêt à se donner
C’était à votre cœur de lire et deviner.
Ce qu’on chérit surtout dans l’autre âme qu’on aime,
C’est le joyau secret qu’on a trouvé soi-même ;
Après que le trésor s’est pleinement ouvert,
On croit posséder mieux ce qu’on a découvert ;
Et pour mieux être à vous, j’ai voulu, je le gage,
Être une découverte, ou plutôt votre ouvrage.

— « S’il faut, pour le réduire et le mieux faire sien,
Connaître un cœur à fond, vous m’appartenez bien !
J’ai pénétré, j’ai vu briller votre âme entière,
Comme je vois ce front dans un flot de lumière.

— « L’éclat des fleurs varie avec l’éclat du jour ;
Ce que j’ai de beauté me vient de votre amour. »