Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/170

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Rien de plus que nous deux, rien qu’elle et que moi-même,
Si quelque Dieu sur nous n’était pas descendu,
Comment s’échangeraient ces accords et ces flammes,
Entre le ciel et nous, puis entre nos deux âmes ?
Pourquoi monterions-nous de ce vol éperdu ?

Regarde-moi toujours, prodigue ce sourire !
Que ton cœur à mon cœur ne cesse pas de luire,
Et que ton souffle au mien se vienne encor mêler.
Mais surtout que le dieu, le charme, le mystère,
Ce qui vient, dans l’amour, d’ailleurs que de la terre,
L’ineffable inconnu n’aille pas s’envoler.

Tant qu’il nous portera tous les deux sur ses ailes,
Qu’un invisible aimant, liant nos cœurs fidèles,
Nous tiendra suspendus dans ce rêve enchanté,
Que ton regard de sœur, qui m’apaise ou m’entraîne,
Répandra dans mon sein cette vertu sereine