Il n’est, devant ce ciel, ni vaincus, ni vainqueurs.
Qu’il est bon d’écouter, au sortir des querelles,
Ces mille voix des champs, si bien d’accord entre elles ;
D’entendre la nature, aux pieds de son auteur,
Parler sans interprète, et sans contradicteur !
C’est là qu’il faut s’enfuir pour se trouver soi-même,
Libre de qui vous hait, libre de qui vous aime,
Accompagné du juge et du témoin secrets
Et docile à subir leurs intimes arrêts.
Venez ! élevons-nous assez loin de la plaine
Pour perdre du regard la fourmilière humaine ;
Et, d’un esprit plus calme, allons sur la hauteur,
Voir sous ses grands aspects l’œuvre du Créateur.
A l’air libre des champs vivons cette journée ;
De rayons et de fleurs qu’elle soit couronnée,
Et que son souvenir, dans les mois sans soleil,
Brille au fond de nos cœurs tout plein de bon conseil.
Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/18
Cette page n’a pas encore été corrigée