Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/183

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Il n’est pas d’amour, pas de gloire
Qui lutte avec ce souvenir.

Mon cœur auprès d’elle y demeure
Et tient tout le reste en oubli ;
J’y veux passer ma dernière heure,
Et j’y veux être enseveli.


Or, par monts et par vaux, seul avec sa pensée,
Joyeux sous l’acier sombre et visière baissée,
Il marche ainsi, chantant, rêvant ou combattant ;
Puis des chemins foulés disparaît un instant,
Comme enlevé d’en haut par une main secrète,
Invisible et porté dans sa douce retraite.

On revoit tout à coup sa lance et son écu
Briller dans quelque lice ouverte au droit vaincu ;
Dès que le ciel, moins rude aux vertus qu’on opprime,