Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/199

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III



Qu’il est bon, dans cette ombre où le vent seul murmure,
Sous ces arbres heureux, conseillers de la paix,
Qu’il est bon de mêler son âme à la nature,
Et d’exister sans vivre au fond d’un bois épais ;

Laissant monter la sève, en silence amassée,
Du tronc dans les rameaux et jusqu’au fruit vermeil,
Et le rêve plus mûr devenir la pensée
Par l’insensible effort du temps et du soleil.

J’aime en ces lieux sacrés l’âme qui s’y recueille
Pour éclater plus tard en mille êtres divers,
Et ce travail sans bruit qui refait feuille à feuille
L’arbre et l’esprit de l’homme et l’immense univers.