Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/198

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Tout avait refleuri sous sa main paternelle.
C’était au lieu d’un chêne une forêt nouvelle.

Un seul vide, au milieu de la verte prison,
Laissait le bleu du ciel percer jusqu’au gazon,
Et marquait, sur le sol, d’un tertre circulaire,
La place où fut le tronc du géant séculaire.
C’était comme l’autel du sanctuaire ombreux ;
Un soleil éclatant l’ornait de mille feux.
Les digitales d’or, des fleurs de toute espèce,
Des touffes de grands lis montaient de l’herbe épaisse.
L’air n’était que parfums, et ce réduit charmant
Appelait la prière et le recueillement.

Je m’assis. Mon troupeau vagabond et folâtre,
Mes chevreaux, par les bois, bondissaient loin du pâtre ;
Et, seul, lançant un mot vers eux, de temps en temps,
Je repris le poème interrompu vingt ans.