Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/209

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Voici les berceaux familiers
Où, dans la mousse et les pervenches,
Les baisers chantaient par milliers,
Comme les oiseaux sur les branches.

Mais, ces arbres et ces soleils,
S’ils t’ont prêté l’ombre et la flamme,
S’ils t’ont donné leurs fruits vermeils,
Ont pris tous des parts de ton âme.

Tu la jetais à tous les vents,
Pour un mot, pour un regard tendre…
Mais, viens, et les morts vont te rendre
Ce qu’ont emporté les vivants.

Car, là-haut, sur les mêmes grèves,
Dans ces astres peuplés d’esprits,