Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/218

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Et dormir dans la même alcôve
Du lit de noce au lit de mort ?

Plus d’autre immuable héritage
Que le désir et la douleur ;
Le vent qui tourmente notre âge
Rase une tour comme une fleur !

Il faut dresser, plier sa tente,
Tout changer, d’hier à demain ;
Entre les regrets et l’attente,
Flotte, hélas ! pauvre cœur humain !

Aux vieux murs des aïeux que j’aime
J’adhère, en vain, lierre obstiné ;
L’ouragan m’a saisi moi-même,
Et me voilà déraciné.