Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/23

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Bénissons et la terre et ceux qui la fécondent,
Les blés et les vertus qui sur ce sol abondent,
Ces riches sans orgueil et ces pauvres sans fiel ;
Bénissons les méchants… s’il en est sous ce ciel !
Mêlons notre prière aux prières ailées
Qui de ces vieux clochers s’élancent par volées ;
Afin qu’à son retour l’essaim des oraisons,
Chantant sur tous les cœurs et toutes les maisons,
Interrompe les deuils sous ces chaumes antiques ;
Afin que la rosée et le miel des cantiques,
Dans chaque goutte d’eau qui pleut sur chaque fleur,
Versent en retombant un baume à la douleur ;
Qu’en ces grains de froment une vertu pénètre,
Suscite dans les ceps le raisin qui va naître,
Pour que chacun récolte, au lieu d’un luxe vain,
La joie et la santé dans ce pain et ce vin.

D’un long regard d’amour, parcourez cette plaine