Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/24

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D’espoirs, de souvenirs, d’amitiés toute pleine.
Comptez dans ces hameaux, au bord des enclos verts,
Les maisons et les cœurs qui vous sont grands ouverts.
Voyez-vous fuir au loin, sur toute la contrée,
Cette ligne d’argent dans la brume dorée ?
C’est la Loire. Au milieu des jardins, sur ses bords,
Est une humble chapelle où vous avez des morts.
Arrêtez-vous : prions, mes amis ! c’est la place
Où tomba votre aïeul, avec dix de sa race ;
Tous martyrs de leur foi, de modestes héros
Par leurs mâles vertus désignés aux bourreaux.
Oubliez d’où partaient les balles fratricides,
D’où les vils délateurs, et les juges avides,
Et ne vous souvenez de ces morts généreux
Que pour aimer la France et la servir comme eux.

Mais trêve aux souvenirs !… la nature est en fêtes ;
Aux baisers du soleil livrons ces jeunes têtes.