Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/231

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Tout ce peuple en pâture aux Nérons moscovites,
Et qui, te prouvant Dieu, se démontre immortel.

Vois, par delà les mers, se choquer ces armées :
La servitude expire et fait place à ta loi.
Tant de sang, tant de pleurs, de luttes enflammées,
C’est pour la liberté… je veux dire pour toi.

C’est pour toi, pour panser tes divines blessures,
Qu’autour des lits de mort et sur ces champs affreux
Des anges descendus touchent de leurs mains pures
Le sang noir des blessés et la chair des lépreux.

On les trouve à genoux sous les gibets infâmes,
Chez tous les délaissés, innocents ou pervers ;
Elles vont, sans frémir, humbles et fortes femmes,
Épouser tes douleurs au bout de l’univers.