Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/235

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Sur le trône du Christ faites qu’il règne une heure ;
Puis comptez nos vertus ! Voyez ce qui demeure,
Et ce qu’un pareil Dieu garde à l’humanité
De justice et d’amour, surtout de liberté.

Prophètes du néant, voyez ! le ciel est vide ;
La prière tarit sous votre souffle aride ;
Gardant pour dieux secrets le dédain et l’orgueil,
L’homme a la haine au cœur et l’ironie à l’œil.
Comme la feuille au vent, les âmes desséchées,
A l’arbre de la croix par le doute arrachées,
Roulent en tourbillons sans guide et sans chemins.
Les peuplés ne sont plus que des sables humains ;
Et dans un noir désert traversé de fantômes,
Un orage éternel emporte ces atomes.

Pulvérisez encore, ô funèbres vainqueurs,
Ce qui restait de Dieu pour cimenter les cœurs ;