Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/249

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« Le sentier où je marche, uni comme un grand fleuve,
M’entraîne sans secousse et sans aspérités,
Du monde, à chaque pas, la splendeur toujours neuve,
S’y déroule à mes yeux dans son immensité.

« Car celui qui s’en va, poussé vers l’invisible,
Libre des vains désirs, des sens capricieux,
Vole aux fraîches clartés d’une aurore paisible
Et voit dans l’univers ce qui se cache aux yeux.

« Un éternel matin, tout d’azur et de roses,
L’embaume et le nourrit de sommets en sommets ;
Les ailes qu’il reçut pour planer sur les choses
Sont d’un or impalpable et ne s’usent jamais.

« Il aime, il croit, il vole ! A trouver sa carrière
Il n’hésite pas plus qu’un rayon de soleil ;