Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/252

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Les rares survivants à ces jeux du chaos,
Hagards, et les yeux creux, la peau collée aux os,
Semblent des morts tirés tout à coup de leur tombe.

Or, comme eux, échappé par miracle à la trombe
De sang et de limon souillé, le pèlerin
À pas lents et boiteux marchait, ferme et serein.

« Il est des régions, et mon cœur les habite,
Où l’air est toujours calme et le flot toujours pur ;
Où rien ne se lamente et ne se précipite,
Où l’on glisse, en chantant, sur des sentiers d’azur.

« C’est la sphère où tout cède à celui que tout nomme.
La sphère de l’amour et du renoncement,
Où tout homme, inflexible aux caprices de l’homme
Voulant ce que Dieu veut, se soumet librement.