Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/254

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III



Plus noire, à chaque pas, s’élève une poussière,
Et d’infectes vapeurs jaunissent l’atmosphère ;
L’air est plus lourd, le soir a plus d’obscurité :
Le brouillard et le bruit annoncent la cité.

Des regards impudents et des propos cyniques,
L’ivoire et l’or des chars, la pourpre des tuniques,
De plus pompeux hochets et de plus vils haillons,
Des passants avinés les vagues tourbillons,
Des fronts suant l’orgueil et l’envie et la haine…
O voyageur, voici la fourmilière humaine !

Autour de l’étranger, les yeux, avidement,
Pour y compter son or fouillent son vêtement.