Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/255

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Plus seul qu’au fond des bois qui lui prêtaient leur mousse,
Il va l’homme au front pur qu’on raille et qu’on repousse,
Toujours seul ! et la nuit chez ces peuples damnés,
Il dort sur le granit des temples ruinés.

« Vous m’abritez partout, sous vos toits, dans vos âmes,
Amis ! j’ai pour chevet vos genoux familiers,
Au fond de ces déserts, dans ces villes infâmes,
J’habite à tout jamais vos cœurs hospitaliers.

« Nul pacte entre les bons, nul amour ne s’efface.
Une fois deux esprits conjurés pour le bien,
En vain s’élève entre eux ou le temps ou l’espace.
Ils restent l’un à l’autre un éternel soutien.

« Amis, je vous sens là ! vos pleurs, votre sourire
Tout survit, gais propos et sévères chansons ;