Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/256

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Et versant au banquet l’ivresse de la lyre,
Nos poètes encor nous servent d’échansons.
« Divine Béatrix, ô ma route ! ô ma vie !
Je gravis à ta voix la même échelle d’or ;
Rien ne meurt dans la sphère où je t’ai poursuivie,
Ton regard m’illumine et me soulève encor.

« Entre mes yeux et toi toutes ces beautés viles,
Tous ces tableaux impurs se déroulent en vain ;
En vain la dureté de ces hommes serviles
Dément ce que je crois du noble cœur humain.

« Je n’aurai pas pour eux un seul mot d’anathème ;
Au fort de la douleur je veux nier le mal ;
Je veux juger le monde à travers ceux que j’aime ;
Rien n’existe pour moi que le seul idéal.