Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/262

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« Je vois dans ces jardins la cité fraternelle,
Aux murs de jaspe et d’or cimentés par l’amour ;
La porte ouverte à tous n’a pas de sentinelle ;
Des harpes et des voix chantent sur chaque tour.

« Un arbre aux larges bras couvre sa vaste enceinte,
Immense et lumineux et semblable au soleil ;
Il verse en tous les temps sur cette ville sainte,
Et des fruits et des fleurs germes d’un sang vermeil.

« Chacun remplit sa coupe à ce vin délectable ;
Chacun se rassasie à ces fruits de la croix ;
Et sur un trône assis, préside à cette table
Jésus, crucifié, seul survivant des rois.

« Les anges, par milliers, vêtus de robes blanches,
Promènent dans les airs la lyre et l’encensoir,
Et de leurs yeux profonds, bleus comme des pervenches,
Des gouttes de parfum pleuvent matin et soir.