Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/284

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Les antiques serpents, premiers fils de la terre,
Tombèrent sous l’effort de l’Hercule gaulois ;
Quel homme, ici, vaincrait, même aidé du tonnerre,
Ces hydres qu’il prétend maintenir sous ses lois.

J’ai vu souvent, debout contre mon dernier chêne,
Ces humains ignorants le rêve et le repos,
Comme s’ils portaient tous une commune chaîne,
Passer et repasser, pareils à des troupeaux.

Moi, je vais libre et seul, dans ma force paisible,
Eux, entassés toujours, défiants, agités,
Semblent, comme frappés d’un fouet invisible,
De je ne sais quel dieu subir les volontés.

Leurs travaux, leurs plaisirs me seraient des supplices ;
J’exècre ces bonheurs goûtés sous l’aiguillon ;