Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/287

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Pour passer sous le joug je ne veux pas renaître ;
Le monstre envahisseur n’aura pas mes enfants.

J’ai vu crouler partout les forêts, mon vieux temple ;
Et ce globe asservi perd déjà sa beauté,
L’homme y cueillera-t-il une moisson plus ample ;
Aura-t-il pour sa part au moins la liberté ?

Quels peuples germeront de la nature esclave ?
Quels fiers esprits, quels fils à ces aïeux craintifs
Accroupis dans les flancs des monstres que je brave,
Ou leur frayant la route ainsi que des captifs ?

Que m’importent ces dieux, ces démons, ce mystère !
Je me sens libre encor, j’insulte à leur pouvoir.
A ce règne fatal il faut céder la terre ;
Mais ni moi, ni mes fils, n’acceptons de le voir.