Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/32

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Tous ces pauvres hameaux ont pour nous même accueil :
Un groupe curieux sourit sur chaque seuil ;
D’un bonsoir amical tout passant nous accoste ;
Le salut au salut allègrement riposte.
Il faut, plus d’une fois, appelés par nos noms,
Conter notre journée et d’où nous revenons :
« Quoi ! de si loin ! Si grands et si forts à cet âge !
C’est qu’ils ont respiré le bon air du village. »
Et chez maint laboureur, vieil ami du manoir,
Nous goûtons en trinquant le vin et le pain noir.
Aimez à vous asseoir à ces tables champêtres ;
Respect aux laboureurs, enfants, comme aux ancêtres !
C’est le sol nourricier ; c’est sous leur chaume obscur
Qu’avant de naître illustre un sang se garde pur.
Quand le temps a vaincu, sans lui demander grâce,
C’est là que noblement vient finir une race ;
Plutôt que de subir sous un joug détesté,
De serviles honneurs au prix de sa fierté.