Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/33

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Mais voici la maison, — inquiète, sans doute ; —
La fenêtre est ouverte, on observe la route ;
Courez ! on nous répond ; on entend nos hourras ;
Un groupe est sur le seuil, et l’on nous tend les bras :
« C’est vous ! il est bien temps ! il fait presque nuit close !
A demain les récits, qu’on soupe et se repose. »
Et malgré tout, il faut, maîtres et serviteurs,
Recevoir longuement nos baisers et nos fleurs.
Le sommeil les a pris, c’est fait, plus un ne bouge ;
Mais sur le blanc chevet, voyez ce front tout rouge !
On va jusqu’au matin rêver, revoir encor
Les grands bois, les prés verts semés de boutons d’or,
Et l’on voyagera dans quelque monde étrange
Près du jeune Tobie accompagné d’un ange,
Et la nuit tout entière, en des tableaux charmants,
Reproduira du jour les mille enchantements.