Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/45

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Je le vois sans terreur comme l’un d’entre nous ;
Mais, frappé de respect, je tombe à ses genoux.
Lui, bon et familier, me relève et m’embrasse,
Me fait asseoir et va s’asseoir lui-même, en face,
Dans mon vieux fauteuil droit, très-dur et très-ancien,
Datant du Cid peut-être, et qu’il prend pour le sien ;
Là, devant mes tisons, durant toute une veille,
Moi, chétif, j’entendis parler le grand Corneille.


II




« A quoi bon de ma voix implorer le secours,
Si par tes actions tu mens à nos discours ;
Si tu n’as su trouver, toi nourri de mon livre,
Dans l’heur de mieux penser la force de mieux vivre ;
Si le mâle entretien de tant d’esprits fameux
N’a pu te faire une âme indomptable comme eux ?