Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/50

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Même à cette heure encor, la parole est un glaive !
Qu’un poëte se dresse et qu’une voix s’élève !
Moi, sujet de Louis, paisible homme de bien,
Je voudrais aujourd’hui parler en citoyen :
Comme jadis, soldat de Brute et de Pompée,
Chez les derniers Romains j’aurais porté l’épée ;
Comme aux pieds de Jésus, prompt à dire : « Je crois, »
Chez les premiers chrétiens j’aurais porté la croix.

Toi donc, qui vis saigner d’une injure mortelle
L’ancien honneur avec la liberté nouvelle,
Fidèle à tous les deux, et luttant pas à pas,
Blessé, vaincu, mourant, ne te résigne pas.
Accepte avec orgueil l’oubli, la solitude ;
De ton âme, avant tout, fais ton unique étude ;
De ce champ de bataille on ne peut te bannir.
Travaille sur toi-même à fonder l’avenir.
Les épines s’en vont aussi bien que les roses !