Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un rapide combat dont Dieu même est le prix.
Nous souffrons, nous semons ; c’est la mort qui recueille,
Qui des moindres vertus ne perd pas une feuille ;
Oui pèse chaque effort, qui compte chaque pleur…
La mort n’abolit rien, excepté la douleur.
Quand la terre s’enfuit et quand le ciel demeure,
Qu’importe une tourmente et des soucis d’une heure !
Qu’importe au fier oiseau l’aspérité du sol
Qu’il effleure du pied, prêt à prendre son vol !
Des lois, des dieux, des mœurs, ton siècle impur se joue :
A nous qui fendons l’air, qu’importe cette boue !
Passons, les yeux fixés sur nos sommets chéris ;
Ne touchons à ce temps que par notre mépris.

Le poste de l’honneur est près de ce qui tombe.
Mais sur nos droits blessés ne fermons pas la tombe ;
Tant qu’une arme nous reste et tant que nous vivons,
N’avouons pas vaincu le Dieu que nous servons.