Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/64

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Nourris du Dieu martyr, à ces combats nouveaux
Les hommes s’avançaient plus doux que des agneaux ; .
Calmes sous la menace et sans cris de furie,
Opposant aux canons un seul mot : La patrie !
A pas lents, comme on suit le dais et l’ostensoir
Dans une ville en fête escortés jusqu’au soir,
Ils marchaient ; ils chantaient, pareils à des Lévites,
Attendaient, à genoux, les balles moscovites,
Offrant à l’ennemi, d’un geste solennel,
Leurs cœurs pleins de pardon et d’amour fraternel.

Ces cœurs de citoyens égorgés sans murmure,
Voilà de tous les droits la plus solide armure !
Vous l’avez reconquise., et nous la garderons,
La force qui dans Rome a vaincu les Nérons,
La force des enfants et des vierges sereines,
Dont les lions léchaient les pieds dans les arènes,
Dont l’innocent regard lançait une terreur