Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/65

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A tenir hésitant le tigre et l’empereur,
Vous aussi, vous saurez vaincre par le martyre !
Du glaive et du poignard la trempe se retire ;
Leur fer va se briser, s’il frappe une autre fois,
Sur vos fronts revêtus du signe de la croix.

L’Europe, où retentit le tocsin des alarmes,
O Pologne ! attendait un éclair de tes armes.
Au bruit de nos canons, les peuples en éveil
Avaient pris ton repos pour le dernier sommeil.
Mais va ! dans nul combat, ô fière Varsovie !
Ton sang n’a mieux prouvé ton indomptable vie ;
Jamais ton noble espoir, qui sait se contenir,
N’a d’un plus ferme élan bondi vers l’avenir.
Le Christ aux nations donne une âme éternelle.
Pas de joug assez lourd, d’armée en sentinelle,
De rocher sépulcral, scellé comme le tien,
Que ne brise, à son heure, un vrai peuple chrétien.