Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/86

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Va livrer tes combats dans ces heureuses plaines
Où la palme fleurit aux mains des châtelaines.


LE CHEVALIER.


J’accomplis un serment qui m’entraîne plus loin ;
La palme que je veux se cueille sans témoin.
Par cette harpe d’or, par cette armure noire,
J’ai juré de gravir jusqu’à la Tour d’Ivoire.
Je fuis tout faux honneur et tout laurier banal ;
Je veux voir l’invisible et boire au Saint-Graal.
Trouvère et chevalier, loin de ces molles fêtes,
J’aspire à des amours, à des gloires parfaites.
Mais toi-même, ô vieillard si prudent et si vert,
Que fais-tu, seul, dans l’ombre, au bord de ce désert ?
Et pourquoi, si tu crains qu’un jeune homme y périsse,
Braves-tu, d’aussi près, la forêt tentatrice ?


L’ERMITE.


Je vis là pour l’exemple et l’avertissement.
Revenu de ces bois où chaque fleur nous ment,