Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/87

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J’ai connu, j’ai quitté les villes infécondes
Et je veille aujourd’hui, seul entre ces deux mondes,
Aimant et fuyant l’homme, et me ceignant les reins
Pour marcher sans repos vers le Dieu que je crains.
Devant ce faux Éden, prodigue en remontrances,
Je guéris les rêveurs des folles espérances.


LE CHEVALIER.


Des pèlerins tremblants reste le conseiller,
Timide voyageur, moi je suis chevalier ;
Pour finir l’aventure à tes mains échappée,
J’aurai, de plus que toi, ma harpe et mon épée.


L’ERMITE.


Plus heureux et plus pur, instruit par mes revers,
Frappe de plus grands coups, chante de plus beaux vers !
J’ai reçu comme toi l’éperon et l’écharpe ;
J’ai fait sonner le fer, j’ai fait gémir la harpe ;
J’ai fouillé longuement la mystique forêt,
De ses plus noirs détours j’ai percé le secret.