Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/90

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Titania qui veille autour des jeunes plantes,
Rend les eaux, à son gré, plus vives ou plus lentes,
Flotte au milieu des airs sur de molles odeurs,
Et des soleils d’été corrige les ardeurs.
J’ai reconnu ses lois, et j’ai vaincu, par elle,
Les hôtes les plus fiers de la forêt rebelle.
Du printemps à l’automne elle a reçu mes vœux.
C’est elle qui répand l’or sur les blonds cheveux,
Les roses sur la joue et sur les seins la neige ;
Qui prolonge aux amours les nuits, ou les abrège ;
Et régit d’un caprice altier, tendre ou moqueur,
Tous ces charmes des yeux, les souverains du cœur.

Dans ses palais d’azur j’ai consulté Morgane ;
J’ai suivi, jeune encor, son sillon diaphane :
Celle qui porte au doigt d’impalpables aimants,
Qui des globes sacrés conduit les mouvements,
Qui mesure et décrit les bonds de la pensée,