Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/93

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L’ERMITE.


J’ai revu ces forêts, je les parcours en vain,
Plus une fée, une âme, un seul hôte divin ;
Mon appel sans écho meurt sur le roc aride,
Et mes deux bras ouverts se ferment dans le vide ;
Chaque pas, cependant, réveille un ennemi,
Quelque serpent tardif sous la feuille endormi.
Des mille êtres, cachés dans l’épaisse verdure,
Nul ne s’annonce à moi que par une blessure.
Du sang des noirs dragons que j’ai frappés du fer,
Des monstres sont éclos pires que ceux d’hier.
Les vampires affreux, les tarasques, les goules,
Sous des arbres saignants s’y promènent en foule.
Les pâles nécromants ont repris le pouvoir :
La main ne peut toucher ce que l’œil a cru voir ;
Chaque ange est un démon, chaque source un piége.
Inventant chaque jour un nouveau sortilège,
La noire Mélusine, à travers les halliers,