Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/99

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Le guerrier déjouait les ruses des démons ;
Tous il les devinait sous leurs multiples formes ;
Tous il les écartait, lutins, dragons énormes,
Ou de sa bonne lance, ou d’un signe de croix.
Nuit et jour, sans sommeil, il marchait par les bois :
Ni la rose en berceaux sur les tapis de mousses,
Ni les fines odeurs, ni les paroles douces,
Rien n’arrêtait ce preux pour l’idéal armé,
Fors le devoir d’aller en aide à l’opprimé.

Là-bas, dans ce vallon, quels soupirs lamentables
Percent l’épais rideau des ifs et des érables ?
Ce soleil est si pur, ces lieux sont si charmants !
Quel bruit de pleurs mêlés à des ricanements ?
Suspends, bon chevalier, ton voyage et ton rêve ;
Pour tous les malheureux tu dois tirer le glaive.
Il court, il a pris, seul, libre de son cheval,
Le sentier tortueux qui plonge au fond du val.