Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/224

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Vous dévorerait tous en d’affreuses orgies !

Oui ! tu n’as fait la guerre aux grands de la cité
Qu’afin de conquérir leur molle oisiveté ;
Tu renverses leurs lois et tu retiens leurs vices.
Eux t’accusent : leur haine est dans ses injustices
Lâche et folle ; après tout, tu fais ce qu’ils ont fait :
Ils ont semé la cause, ils récoltent l’effet.
Ils t’ont dit que pour l’homme ici-bas tout s’achève :
Qu’y bien jouir est tout, que le ciel n’est qu’un rêve ;
Qu’il faut songer à soi, ne vivre que pour soi ;
Posant pour idéal, pour règle : enrichis-toi !
Comme ton sang plus chaud, tes mains plus violentes
Ont trouvé leurs façons de s’enrichir trop lentes…
Qu’ils luttent, maintenant, pour garder leur trésor !
Si l’or est Dieu, ton droit est de posséder l’or.
Si richesse et plaisir font tout notre héritage,
O peuple, tu fais bien d’en vouloir le partage,
Et d’appeler voleurs et de vouer au fer
Ceux qui sont mieux servis au banquet de la chair.

Oui, c’est là le souci, la fièvre où tu te ronges,
Qui des pâles enfants trouble déjà les songes :
Prendre ou garder cet or pour l’employer au mal,
Mieux boire et mieux manger, voilà ton idéal !