Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/225

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Ah ! ta race, autrefois, dans des combats sans trêve,
Du royaume de Dieu poursuivait le saint rêve,
Cherchant d’abord l’honneur, la vérité, le droit,
Et sachant que le reste est donné par surcroît.
Mais toi, tu prends pour dieu les richesses vulgaires ;
C’est là l’unique but de ta paix, de tes guerres.
Eh bien ! même cet or, ces splendeurs d’ici-bas,
Si tu n’acquiers pas Dieu, tu ne les auras pas !
Non, tu n’obtiendras pas même ces biens immondes,
Seul espoir, seul ciment des cités que tu fondes ;
Ici de tes docteurs la science te ment.
En Dieu seul la richesse a son commencement.
Ce n’est qu’en cherchant Dieu, d’une foi vive et ferme,
Qu’on fait sortir le pain du sillon qui l’enferme ;
Notre appétit n’est pas la règle qu’il nous faut :
Le bonheur de ce monde a son secret plus haut.
Ah ! ne rêve donc plus, d’après tes faux prophètes,
Une paix éternelle et d’éternelles fêtes !
En vain, pour s’affranchir des combats incessants
Que doit livrer l’esprit aux révoltes des sens,
Ils ont imaginé, dans leur sagesse infâme,
De mettre en nous la paix en abolissant l’âme !
Non ! la lutte ici-bas est le moyen fatal
Par où l’homme tombé se relève du mal.
Malheur, ô conscience, ô nation trompée,