Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/226

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Sitôt que vous quittez l’aiguillon et l’épée !

Ils aiment, dans la paix que prêchent leurs désirs,
Non l’accord fraternel, mais les impurs loisirs,
Toutes les fleurs du ciel qu’en sa robe elle apporte ;
Les doctes vérités, les arts, que leur importe !
La paix pour mieux jouir, pour s’enivrer encor,
Pour manger, pour danser autour de leur veau d’or !

Mais, désarmé du glaive et de Dieu qu’on insulte,
Tu seras impuissant même à ce nouveau culte ;
Pas de fer au côté, pas de couronne au front !
Des foudres du Seigneur d’autres hériteront.

J’entends, — pâles rêveurs, scribes, marchands, avares, —
Hennir à l’horizon les chevaux des barbares !
O peuple, et contre toi tournant tes propres mains,
Je te vois leur frayer de faciles chemins.
Ils viendront ! tu n’auras, ô ville condamnée,
Pas même les honneurs d’une mort acharnée ;
Si quelque noble sang coule alors de ton sein,
C’est que tu dresseras l’échafaud assassin.
Ils viendront ! pour ouvrir à leurs sombres cohortes
La discorde et la peur ébranleront tes portes.
Alors l’impur sophisme, auteur de tous tes maux,