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les profanes (si elles sont exécutées rapidement), ont l’inconvénient d’allonger démesurément la phrase, ce qui est un grand obstacle à leur popularité, et ne les rendra guère usuelles en dehors des classes dangereuses pour lesquelles elles sont une nécessité.

Les abréviations, qui sont aussi des modifications de mots, sont plus faciles à reconnaître. Sauf deux (cipal pour municipal, et croc pour escroc), il est à remarquer qu’elles portent sur les finales. Exemples : Autor (ité), — achar (nement), — aristo (crate), — bac (carat), — bénéf (ice), — cabot (in), — can (on), — champ (agne), — comm (erce), — consomm (ation), — démoc (rate), — émos (ion), — dégui (sement), — es (croc), — estom (ac), — from (age), — job (ard), — lansq (uenet), — liquid (ation), — méphisto (phélétique), — occas (ion), — paf (fé), — pante (inois), — perpette (uité), — photo (graphie), — poche (ard), — réac (tionnaire), — rata (touille), — sap (in), topo (graphique), — typo (graphe), — voite (ure).

Quelquefois l’abréviation redouble la première syllabe du mot comme dans zouzou : zouave, et nounou : nourrice.


l’argot actuel.


À l’heure qu’il est, l’argot obéit plus que jamais aux tendances abréviatrices signalées ci-dessus. On ne dit plus mastroquet mais troquet, tailbin mais talbin, fourgat mais fourgue, faffiot mais faffe, pédéro mais pédé, radin mais rade. Sans la connaissance des termes anciens, on serait souvent embarrassé de caractériser la formation, ou plutôt la déformation des nouveaux.

Pour ce qui regarde le langage des classes dangereuses, je ne saurais en donner une meilleure preuve que ce fragment des Mémoires d’un voleur nommé Beauvilliers, jugé en police correctionnelle pour tentative de vol en 1873. Il a été publié par le Figaro du 4 août.


J’ai vingt-trois ans, je suis garçon boucher ;

À l’âge de quatorze ans je fesai mon apprentissage à la boucherie Duval, à la Madelaine ;