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« Aux buveurs émérites et à ceux qui ont depuis bien des années laissé leur raison au fond d’un poisson de camphre. » (Privat d’Anglemont.)

CAMPHRÉ : Alcoolisé. — « Dis donc, avec ton gosier camphré, tu fais bien des embarras. » (Catéchisme poissard, 44.)

CAMPHRIER : Buveur d’eau-de vie. — « Entends-tu, vieux camphrier, avec ta voix enrhumée. » (Catéchisme poissard, 44.)

CAMPHRIER : Le camphrier est un sale débit de liqueurs atroces à un sou le verre et à dix-sept sous le litre. Le caboulot ne diffère du camphrier que par sa moindre importance comme établissement. C’est, du reste, le même breuvage qu’on y débite aux mêmes habitués. » (Castillon.)

CAMPLOUSE : Campagne. (Halbert.) — Forme adoucie de cambrouse.

CAMUSE : Carpe. (Grandval.) — Elle a le nez camus, si on la compare au brochet.

CAN SUR LE COMP (prendre un) : Prendre un canon sur le comptoir. Double abréviation. V. Canon.

CANAILLE : Rusé, malicieux. — Se dit amicalement. — « Elle m’a dit qu’elle me donnerait son adresse ; mais je ne la lui ai pas demandée. — C’est canaille ! » (T. Delord.)

CANAGE : Agonie. (Colombey.) V. Caner.

CANARD : Fausse nouvelle, récit mensonger inséré dans un journal. — « Nous appelons un canard, répondit Hector, un fait qui a l’air d’être vrai, mais qu’on invente pour relever les Faits-Paris quand ils sont pâles. » (Balzac.) — « Ces sortes de machines de guerre sont d’un emploi journalier à la Bourse, et on les a, par euphémisme, nommées canards. » (Mornand.) — Une anecdote du tome 1er du Dictionnaire de l’Industrie (Paris, Lacombe, 1776), semble nous livrer l’origine de ce mot :

On lit, dans la Gazette d’agriculture, un procédé singulier pour prendre les canards sauvages. On fait bouillir un gland de chêne, gros et long, dans une décoction de séné et de jalap ; on l’attache par le milieu à une ficelle mince, mais forte ; on jette le gland à l’eau. Celui qui tient le bout de la ficelle doit être caché. Le gland avalé purge le canard qui le rend aussitôt : un autre canard survient, avale ce même gland, le rend de même ; un troisième, un quatrième, un cinquième s’enfilent de la même manière.

On rapporte à ce sujet l’histoire d’un huissier, dans le Perche, près l’étang du Gué-de-Chaussée, qui laissa enfiler vingt canards ; ces canards, en s’envolant enlevèrent l’huissier. La corde se rompit, et le chasseur eut la cuisse cassée.

Ceux qui ont inventé cette histoire auraient pu la terminer par une heureuse apothéose, au lieu de la terminer par un dénoûment aussi tragique.

La grossièreté de cette histoire, comme dit notre citation, — l’aura fait prendre comme type des contes de gazette, et canard sera resté pour qualifier le genre entier. On trouve « donner des canards : tromper » dans le dictionnaire d’Hautel (1808).

CANARD : Imprimé banal