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crié dans la rue comme nouvelle importante. V. Canardier.

CANARD, COUAC : « Ces explosions criardes des instruments à vent si connues sous le nom de canards. » (A. Luchet.) — Le second mot est une onomatopée (couac) ; la comparaison d’une fausse note au cri du canard a fait former le premier.

CANARD : Sobriquet amical donné aux maris fidèles. Le canard aime à marcher de compagnie. — « Voici, mon canard, dit-elle… Or, le canard de madame Pochard, c’était son mari ! Il avait reçu de sa douce moitié ce sobriquet d’amour. » (Ricard.)

CANARD sans plumes : Nerf de bœuf servant à la correction des forçats. (Colombey.) — Jeu de mots signifiant grosse canne qui n’a pas la douceur des plumes.

CANARDER : Tromper. — « On a trop canardé les paroissiens… avec la philanthropie. » (Gavarni.)

CANARDIER : Crieur, confectionneur de fausses nouvelles. — « Place au célèbre Edouard, le canardier par excellence, le roi des crieurs publics ! » (Privat d’Anglemont.)

CANASSON : « Nom familier donné à leurs chevaux par les cochers de Paris. » (Lem. de Neuville.) — « Traitez de canassons les chevaux de M. de Lagrange. » (Marx.) — On dit en abrégeant can’son.

CANCAN : Se dit d’une certaine manière de danser le quadrille, avec des mouvements de bras, de jambes, de tête et de croupe, non prévus par la chorégraphie régulière. Cette danse paraît être née dans le quartier Latin, sous la monarchie de Juillet ; mais son nom existait déjà. Le Dictionnaire du vieux langage de Lacombe (1766) explique ainsi le mot cancan : — « Grand tumulte ou bruit dans une compagnie d’hommes et de femmes. » Cela répond assez exactement, on le voit, à la signification actuelle.

Messieurs les étudiants,
Montez à la Chaumière,
Pour y danser l’ cancan.
Et la Robert-Macaire.
(Letellier, 1836.)

« Nous ne nous sentons pas la force de blâmer le pays Latin, car, après tout, le cancan est une danse fort amusante. » (L. Huart, 1840.) — M. Littré n’est pas aussi indulgent. Il dit : Cancan, sorte de danse inconvenante des bals publics, avec des sauts exagérés et des gestes impudents, moqueurs et de mauvais ton. Mot très-familier et même de mauvais ton. (Littré, 1864.) V. Chahut : — « Nous avons le cancan gracieux, la saint-simonienne, le demi-cancan, le cancan, le cancan et demi et le chahut. Cette dernière danse est la seule prohibée. » (Alphonse Karr.) — « On va pincer un léger cancan, mais bien en douceur. » (Gavarni.)

Voici, pour les archéologues, une description exacte du cancan d’il y a trente-cinq ans. Elle est extraite des Nouvelles à la main de 1841 :

« L’étudiant se met en place, les quadrilles sont formés. Dès la première figure se manifestent chez tous une frénésie de plaisir, une sorte de