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collection byzantine (Paris, 1655, in-fol.), et traduite en français par le président Cousin.


LÉON l’Hébreu, rabbin et médecin, né en Castille vers le milieu du xve siècle. Contraint de quitter l’Espagne en 1492, il passa à Naples, puis se fixa à Gênes, où il exerça la médecine. C’était, d’uprès Bartolocci, un homme de beaucoup d’esprit et de cœur. On lui doit trois dialogues sur l’amour, remplis d’idées alnmbiquées et cabalistiques, et publiés en italien sous le titre de Dialoghx de amore (Rome, 1535, in-4o). Us ont été traduits en français par Pontusde Thiard et le seigneur du Parc (Paris, 1580).


LÉON l’Africain (Jean), géographe arabe, né à Grenade vers 1483, mort à Tunis en 1552. Son véritable nom était Al-Hassau-ben-Mohammed-Alvazas-al-Fasi. Il reçut une excellente

instruction à Fez, puis visita, soit comme chargé d’affaires de divers princes, soit comme voyageur, une partie de l’Afrique et de l’Asie, fut pris par des corsaires chrétiens en 1517 et conduit à Rome, où le pape Léon X lui fit embrasser le catholicisme. C’est alors qu’il prit le nom de Jean Léon. En peu do temps il apprit le latin et l’italien et so livra alors h Rome à l’enseignement de l’arabe. On lui doit une Description de l’Afrique} écrite en arabe, puis traduite par lui en italien. Cet ouvrage, estimé pour l’exactitude des observations et l’esprit judicieux dont l’auteur y fait preuve, a été inséré dans le liecueil de voyages de Ramusio et traduit en français dans le Recueil des voyages de Temporal (Anvers, 1556). Léon a laissé en outre des Poésies arabes et un Vocabulaire arabe et espagnol, restés manuscrits.


LEON (Fray Luis-Ponce DE), théologien et poète espagnol, né à Grenade en 1527, mort à Madrigal le 23 août 1591. Il prit l’habit de Saint-Augustin en 1543, à Salamanque, et la chaire de saintThomas d’Aquin étant devenue vacante à l’université de cette ville, il en devint titulaire par le choix que firent de lui les étudiants, suivant un des vieux privilèges de cette université célèbre. Tels sont, en sus d’une longue et douloureuse persécution, qu’il supporta avec une résignation admirable, les seuls éléments biographiques de cette vie, vouée tout entière à l’étude. Ses écrits ascétiques furent beaucoup admirés ; les plus connus sont deux traités, l’un de religion, les Noms du Christ, suite de prédications éloquentes sur un thème ingénieux, l’autre de morale, la Parfaite mariée. On lui doit encore de nombreux commentaires sur l’Écriture sainte : 1° Exposition sobre il salmo xxvi ; 2" Sobre il profeto Abdias ; 30 Sobre la epistola de san Pablo a los Galatas ; 4° une explication du Livre de Job. Une onction religieuse, du caractère le plus élevé, distingue tous ces travaux, que relève aussi un grand élan lyrique. Fruy Luis de Léon, que ses compatriotes ont surnommé le Cygne de Grenade, était en même temps un poète de premier ordre. Profondément chrétien, âme pieuse mais pleine d’une certaine poésie mystique, c’est à la Bible surtout qu’il demanda ses inspirations ; il traduisit le Cantique des cantiques et en fit aussi le commentaire. L’éclat de son talent, la franchise de ses doctrines, l’enthousiasme de ses élèves lui avaient suscité des jalousies nombreuses ; l’ombrageuse inquisition prit prétexte de cette traduction pour le persécuter. Il resta cinq uns dans les cachots du saint office, attendant sa condamnation ; enfin on le relâcha. Cette unie douce, d’une sérénité inaltérable, était si peu accessible à la haine que, reprenant son cours à Salamanque devant cet auditoire qu’il chérissait, il commença sa leçon

par ces mots:« Nous disions hier Les

cinq années d’amertume, de dégoûts, d’humiliations, étaient oubliées ; l’inquisition et ses cachots étaient pardonnes.

Comme poète ou comme prosateur, toute son œuvre est un hymne à Dieu ; sa Prophétie du Toge, un des plus beaux morceaux lyriques de la littérature espagnole, montre.ce qu’il aurait pu faire dans le genre profane ; mais il se retrancha dans l’ode religieuse et la poésie morale. Ce n’est pas qu’il s’interdise l’expression des sentiments purement humains et que son âme de poète ne soit sensible a la grande poésie de la nature ; mais il rapporte tout à Dieu. Parfois il imite Horace ; mais il l’imite en chrétien. Quelques-unes de ses charmantes élégies rappellent le cri de l’épicurien romain ;

Eheu ! fugaces, Posthume,

Posthume, labuntur anni…. Comme lui, il aime à rappeler la brièveté de la vie, mais ce n’est pas pour convier à l’épicuréisme, c’est pour la comparera la durée sans fin des joies célestes. Dans cet ordre d’idées, la Vie du ciel, une de ses odes, est une de ses meilleures ; c’est une sorte de transfiguration des bienheureux, un rêve extatique. On y sent le souffle des prophètes, le souvenir des prédications de Jésus sur le royaume de Dieu, Cette poésie, qui touche à peine du pied à la terre, a des élans sublimes. Au commencement de ce siècle, un moine augustin, du même ordre que Luis de Léon, fray Antolin Marino, a donné de ce recueil lyrique une bonne édition ; il y en a aussi un excellent choix.dans la Bibliothèque espagnole de Baudry, Écrivains mystiques espagnols (2 vol. in-8u). On doit encore à Luis de Léon quelques ouvrages latins d’une

LEON

importance moindre ; un de ses traités, le Parfait prédicateur, dont il est fait mention dans l’approbation donnée au recueil de poésies par l’inquisiteur Valdivieso, est aujourd’hui perdu.


LÉON (Philippe DE), peintre espagnol, né à Séville dans la seconde moitié du xvnu siècle, mort dans la même ville en Î72S. Il étudia avec tant de persévérance le faire de Murillo qu’il parvint à s’approprier, en quelque Sorte, la manière de ce maître, et que les amateurs doivent apporter toute leur attention pour discerner une copie de Philippe de Léon d’un original de Murillo. Il existe à Séville plusieurs tableaux de ce maître, dont le chef-d’œuvre est le Prophète Élie emporté au ciel dans un char de feu.


LÉON (Christophe de), peintre espagnol, frère du précédent, mort à Séville en 1729. Élève distingué de Juan de Valdès Leal, il a décoré de ses fresques l’église de Saint-Philippe de Néri, à Séville. On lui doit également des portraits de vingt-huit vénérables de la congrégation de Saint-Philippe, dont la franchise de dessin et la largeur d’exécution font des œuvres d’une réelle valeur,


LÉON (Diego), général espagnol, né en 1804, mort k Madrid en 1841. Colonel de cavalerie à la mort de Ferdinand VII, puis brigadier général, nommé ensuite lieutenant général, il prit contre les carlistes le parti de Marie-Christine, qui le nomma en octobre 1840 capitaine général de Madrid; mais lorsqu’il arriva dans la capitale, la reine venait d’abdiquer. À ce moment Léon fit, dit-on, un mouvementsurAranjuezpour enlever Isabelle II.

Son projet découvert, il fut destitué par Esparlero, alors régent du royaume. Diego

s’allia alors à O’Donnel pour renverser Espartero. La conspiration ayant échoué, il fut arrêté, condamné a mort et fusillé le 15 octobre 1841.


LÉON (dona Rogelia), femme de lettres espagnole, née à Grenade en 1823. Elle débuta en 1S47 par des poésies qui obtinrent beaucoup de succès, et depuis cette époque elle n’a cessé de cultiver les lettres. Elle écrit ordinairement dans le dialecte castillan ou dans le dialecte andalous. Outre plusieurs nouvelles et études de mœurs, qui ont paru dans le Fenix et autres journaux, on a d’elle des pièces de vers et de petits poèmes, dont les plus remarquables sont:le Contrebandier ; Aux artistes ; À l’infante doiia Luisa Fernande ; le Chapeau de paille, etc.


LÉON le Prêtre, écrivain arménien. V. Ghévond-Eretz.


LÉON, un des chefs de la conspiration contre Cléarque. V. Léonides.


LÉON (Pierre Cieza de), chroniqueur espagnol. V. Cibza de Léon.


LÉON (Rodrigue et Juan Ponce de), capitaines espagnols. V. Ponce de Léon.


LÉON DE JUDA, théologien protestant, fils naturel d’un curé d’Alsace, né à Rappers■weier en 1482, mort à Zurich en 1542.-A Bâle, où il fut envoyé pour terminer ses études, il se lia d’une étroite amitié avec Ulrich Zwingle, qu’il alla retrouver à Einsiedeln, après avoir desservi pendant quelque temps une cure en Alsace. Quand Zwingle se fut établi à Zurich, il appela son ami auprès de lui et le fit nommer prédicateur de l’église Saint-Pierre (1522). Léon se maria l’année suivante avec une religieuse et travailla avec ardeur à la propagation des idées nouvelles ; souvent même il dépassa les bornes de la modération et de la prudence ; son zèle était fougueux, impatient; non-seulement il attaqua le clergé catholique dans ses prédications, mais il excita aussi les cantons protestants à déclarer la guerre aux cantons catholiques, et ne contribua pas peu à cette malheureuse prise d’armes qui se termina par la bataille de Cappel, où Zwingle perdit la vie.

En dehors de la fougue de son fanatisme, Léon était un homme simple et bon. Dans un état voisin de la misère, il n’en faisait pas moins beaucoup de bien autour de lui, et sa femme était obligée de se livrer à un travail manuel pour augmenter les ressources de la famille, qui était très-nombreuse. Léon refusa des postes plus avantageux que celui qu’il’occupait, pour se livrer paisiblement à ses travaux sur la Bible. Les ouvrages qu’il a laissés témoignent d’un grand savoir. Nous citerons:Annotationes in Exodum (Tongres, 1517, in-S°) ; Opinion du savant Érasme et de Luther touchant la sainte Cène (Zurich, 1526) ; les Livres gui ne sont pas compris dans la Bible (Zurich, 1529, in-fol.) ; Annotationes lit quatuor Eoangelistas, Epistolas, etc. (1581, m-fol.) ; Calechismus (1434, in-fol.); liiblia saci’osancta Testamenti Veleris et Novi (1543, in-fol.), fort remarquable traduction de la Bible, qui eut un très>graiid succès, bien qu’il l’eût laissée incomplète.


LÉON DE MARSI, prélat et savant italien du XIIe siècle. De simple moine de l’abbaye du Mont-Cassin, il devint èvêque d’Ostie, puis cardinal. On lui doit les Chroniques du MontCassin, qui vont de la vie de saint Benoît à 1138 (Paris, 1BÛ3, in-fol.).


LÉON DE MODÈNE, célèbre rabbin né à Venise en 1571, mort en 1S54 dans cette même ville, dont il dirigea longtemps la synagogue. On possède de lui, entre autres ouvrages : Biblia Ilebrxa rabbinica (Venise, 1610, 4 vol.

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in-fol.) ; Nouveau dictionnaire hébreu et italien (Venise, 1G12, in-4o) ; Bistoria degli riti hebraici (Paris, 1637) ; Désert de Juda (Venise, 1598, in-4o) ; Rejeton de justice (Venise, 1685, in-8o) ; Secret des justes (Venise, 1695, in-4o) ; Cœur de lion (Venise, 1617, in-4o).

LÉON D’ORVIÈTE, en latin Leo Urbevetanus, chroniqueur italien du commencement du XIVe siècle, né à Orvieto (États de l’Église). Il appartenait à l’ordre des dominicains ou des franciscains (la question n’a jamais pu être nettement tranchée). On lui doit une Chronique des empereurs qui s’arrête à 1308, et une Chronique des papes finissant à l’année 1314. Ces deux ouvrages, qui contiennent des faits intéressants, ont été publiés en’1737 (2 vol. in-8o),


LÉON DE THESSALONIQUE, philosophe et prélat byzantin du IXe siècle. Il obtint de l’empereur Théophile l’évêchô de Thessalonique, qu’il perdit à la mort de ce prince. Plus tard, il fut mis à la tête de l’école de mathématiques établie dans le palais de Maynaura, a. (Jonstantinbple. C’est à lui qu’on doit l’invention d’un système de télégraphie usité dans cette capitale vers cette époque, et consistant dans l’allumage, à des heures déterminées, de feux qui annonçaient aux habitants, soit les incursions hostiles, soit les faits de guerre qui se passaient à la frontière de Syrie. De Léon de Thessalonique, dont le nom figure dans divers traités d’astrologie, il ne nous reste aucune œuvre certaine.


LÉON Y GAMA (Antonio DE), archéologue mexicain, né à Mexico en 1735, mort en 1802. Sur les bas-reliefs qu’il trouva dans le sol de la ville sur l’emplacement présumé de l’ancien Teocali, il crut avoir découvert le calendrier des Aztèques, et consigna sa’découverte dans un mémoire intitulé : Description historique et chronologique des deux pierres trouvées lors du nouveau pavage fait en l année 1790 (Mexico, 1790, petit in-4o).


LÉON-LÉAL (don Simon DE), peintre espagnol, né à Madrid en 1610, mort dans la même ville en 1687. Élève de Pedro de Las Cuevas, il acquit, en étudiant les toiles de Van Dyck, ce coloris vigoureux et brillant qui fait de lui un des premiers artistes de l’Espagne. Ses principaux ouvrages sont les vingt et un tableaux représentant l’Histoire de l’Enfant Jésus, qui décorent le dôme du Noviciat des jésuites à Madrid^ et la toile ornant le maître-autel de la même église, Apparition miraculeuse du Père Eternel et de Jésus-Christ à saint Ignace. Les églises des Prémontrés, des Capucins, du Prado, du Sauveur et des Enfants-Trouvés possédaient plusieurs compositions de Simon Léon, que Charles VI lit transporter dans son palais.

LÉON-PINELLO (Antoine de), écrivain espagnol du Pérou. V. Pinëllo.

Léon ou le Cnâicau do Moniciicro, drame lyrique en trois actes et en prose, mêlé d’ariettes, représenté pour la première fois sur le théâtre de l’Opéra-Comique le 24 vendémiaire an VU (15’octobre 1798), paroles d’IloiTman, musique de Dalayrac. L’auteur du poëme annonce, dans l’avertissement mis en tête de sa pièce, qu’il en a pris le sujet dans les Mystères d’Udùlphe, roman a brigands et à clairs de lune. Ce genre de littérature était alors fort k la mode. Les airs de Dalayrac eurent sans doute du succès ; cependant on remarque que déjà, à cette époque, l’influence de la musique italienne et peut-être de la musique allemande se faisait sentir. C’est en trahissant un mouvement de dépit qu’Hoffman s’exprime ainsi : » Dalayrac, compositeur aimable et fécond, éprouve le même sort que Grétry ; il est en butte aujourd’hui aux outrages des partisans de la science des notes, parmi lesquels se font remarquer de jeunes fanatiques du charivari ultramontain, etc. • L’édui.ation musicale était encore si incomplète en France, même chez les gens d’esprit, qu’on appelait charivari ultramontain les Nozze ai Figaro de Mozart, et II mairimonio segreto de Cimarosa.

LÉONAIS, AISE s. et adj. (lé-o-nè, è-ze), Géogr. Habitant de la ville, de l’intendance ou du royaume de Léon ; qui appartient à ces pays ou à leurs habitants : Les Léonais. La population léonaise.

— s. f. Conim. Etoffe, tissu façonné en laine souple et légère, à très-petits dessins.

LÉONARD (SAINT-), ville de France (Haute-Vienne), ch.-l. de cant., arrond. et à 22 kilcm. E. de Limoges, sur un mamelon, près de la^rive droite de la Vienne ; pop. uggl., 2, 965 hab. — pop. tôt., 6, 011 hab. Fabrication de grosse draperie, couvertures de laine, porcelaine ; papeteries, martinets à cuivre, mégisserie, tanneries. Commerce de bestiaux, moutons. L’église, classée parmi les monuments historiques, date des xie, xiio et xiii6 siècles. La base de la tour est décorée de chapiteaux à sculptures symboliques. Les principales curiosités de l’intérieur sont des stalles du xve siècle, un bas-relief en albâtre de la même époque et un tableau représentant les Lamentations de Jérémie. Saint-Léonûrd est entouré de boulevards d’où l’on domine te village industriel du Pont, et de vastes prairies à travers lesquelles serpentent les eaux limpides de la Vienne.

LÉONARD ou LIENARD (saint), ermite français qui vivait au vie siècle. Il se convertit au catholicisme en même temps que


Clovis après la bataille de Tolbiac, puis se retira dans 3e Limousin, où il fonda un monastère dans un lieu appelé depuis Saint-Léonard-de-Noblac. L’Église célèbre le 6 novembre la fête de ce saint, qui est le patron des prisonniers.

LÉONARD DE PISE (Léonard Bonacci, plus connu sous le nom de), géomètre italien, souvent appelé Fibonacci, pur contraction de Filius Bonacci, né à Pise vers 1175, mort à une époque également incertaine. Il séjourna longtemps en Orient et fit paraître à son retour un traité d’arithmétique et d’algèbre, l’un des plus anciens qu’on ait vus en Europe et qui a eu la plus grande influence sur le progrès des sciences dans le siècle suivant. Le fond de cet ouvrage, que Fibonacci intitule, d’après les Arabes, Algebra et Almuchabala, a été certainement puisé dans les livres arabes, probablement dans l’algèbre écrite vers le milieu du ix siècle par Mohammed ben Musa, qui lui-même s’était instruit à l’école des Indous dans les ouvrages laissés par Brahmegupta au vie siècle.

L’algèbre de Léonard de Pise commence par ces mots : Incipit Liber Abbaci composites à Leonardo filio Duitacci Pisano, in aimo 1202. Novem figurx Indorum hm su.nl 9, s, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 ; cum his itaque novem figuris et cum hoc signo 0 quod arabice Zephirum appellatur, scribitur quilibet numerus, etc. Cet ouvrage va jusqu’à la résolution des équations du second degré et de celles qui s’y ramènent ; mais ce qui le distingue des autres traités d’algèbre puisés dans les livres arabes et le rend particulièrement remarquable, c’est l’application qui y est faite pour la première fois des moyens d’investigation que l’algèbre peut offrir aux spéculations géométriques. Les Arabes avaient, puisé à deux sources entièrement distinctes ; ils s’étaient instruits concurremment dans les ouvrages didactiques grecs, où non-seulement l’idée de substituer des culculs sur les mesures des grandeurs aux combinaisons imaginées sur ces grandeurs n’est jamais entrevue, mais où même on ne trouve pas les formules des mesures des aires les plus simples, au moyen des mesures de leurs dimensions, et dans les ouvrages postérieurs des Indous, où, au contraire, l’accord des deux méthodes paraît s’être établi dès le principe conformément aux usages modernes. Le traité de Léonard de Pise procède des ouvrages arabes d’origine indoue. L’auteur y montre une intelligence très-nette de la concordance nécessaire des résultats obtenus par l’une ou l’autre voie : Et quia, dit — il, Arithmetica et Geometris scientia sunt connexs et suffragatoriæ sibi ad invicem, non potest de numéro plena tradi doctrina, nisi insératur géometrica quxdam, vel ad géometriam spectantia. Fibonacci ajoute que souvent les règles de l’algèbre tirent leur démonstration de considérations géométriques, et les exemples qu’il en donne ont en effet servi longtemps de modèles, comme on le voit presque à chaque page de 'Ars magna de Cardan.

Le second ouvrage de Fibonacci est intitulé : Leonardi Pisani de filiis Bonacci practica géometriæ, composita anno 1720 ; on y trouve, entre autres curiosités, la formule de la mesure de l’aire d’un triangle en fonction de ses trois côtés ; l’auteur l’avait prise sans doute dans le traité de géométrie des trois fils de Musa-ben-Schaker, Mahomet, Hamet et Hasen. Elle se trouvait déjà dans la Géodésie de Héron d’Alexandrie, mais elle y était démontrée autrement ; la démonstration de Léonard est celle que les fils de Musa avaient trouvée dans les ouvrages de Brahmegupta. Léonard de Pise avait laissé un troisième ouvrage relatif à l’analyse indéterminée du premier et du second degré, que Lucas de Burgo, dans sa Summa de arithmetica, et Cardan, dans son Ars magna, citent souvent sous le titre de Traité des nombres carrés. Cet ouvrage, dont il existait encore, à ce qu’il paraît, une copie manuscrite il y a une soixantaine d’années, est aujourd’hui perdu. D’après Lucas de Burgo, Léonard de Pise résolvait l’équation x2/sup> + y2= N par des considérations et des figures géométriques ; cette question, traitée par Brahmegupta, dont Léonard n’a fait que rapporter la solution, était ramenée par l’auteur indien à exprimer les solutions de l’équation proposée en fonction de valeurs particulières de x et de y formant une première solution. Ces formules de solution

ay’+ bx1

et

y = — by’ax

où x' et y' forment une solution de l’équation proposée et où a, b, c satisfont à la condition a2 + b2 = c2, ces formules sont celles mêmes qui se déduisent de la solution géométrique du problème, donnée par Brahmegupta.

Nous venons de dire que le Traité des nombres carrés de Léonard de Pise paraît aujourd’hui perdu ; les deux autres ouvrages qui nous restent de lui sont encore inédits et les manuscrits en sont très-rares. Beaucoup d’autres ouvrages de la même époque ou antérieurs, tout aussi intéressants, se trouvent dans le même cas, exposés à une perte d’autant plus probable que les exemplaires qui se