Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/270

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extraordinaire, Mallincrot fit rapidement son chemin dans l’état ecclésiastique. Successivement évoque de Ratzbourg et de Minden, il essaya, mais en vain, d’obtenir l’évêché de Munster, voulut soulever le peuple de cette ville contre le prélat qui lui avait été préféré et fut jeté en prison dans le château d’Ottenstein, où il mourut presque subitement. On a de lui : De natura et usu litterarum (Munster, 1638-16-12, in-8oJ ; De ortu et progressu arlis typographie® (Cologne, 1639, in-4<>) ; De archicancellariis Sancti Romani Imperii accaneellariis impérialis aulx (Munster, 1646, in-4o) • Paralipomena de historicis gnecis (Cologne, 1C56, in-4o).

MALLIO (Michel), littérateur italien, né à Sari-Elpidio, marche d’Ancône, en 1756, mort à Rome en 1831. Il fut professeur d’éloquence à Modène et à Fermo et devint membre de l’Académie des Arcades. Mallio publia, de 1790 à 1797, sous le titre à’Annali di Borna, un recueil périodique qui obtint du succès. On lui doit, en.outre, un certain nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Saira, tragédie ; représentée à Rome en’ 1787 ; H trionfo délia religione nella morte Luigi XVI, poëme (1793) ; la Gerusalemme distrutta (1829), poëme en douze chants, etc.

MALI.IOT (Joseph), archéologue français, né à Toulouse en 1735, mort dans la même ville en 1808. Il abandonna la carrière du barreau pour la culture des arts, et, après avoir été quelque temps professeur de dessin à l’école de Sorrèze, il devint professeur de fortification au lycée de génie, d’artillerie et de marine, puis à l’école centrale de Toulouse, un lui doit, outre quelques mémoires et des Recherches historiques sur les antiquités, les curiosités, etc., de la ville de Toulouse, ouvrage resté manuscrit, Recherches sur les coutumes, les mœurs, les usages religieux, civils et militaires des anciens peuples d’après les auteurs célèbres et les monuments antiques (Paris, 1804, 3 vol. in-4o, avec-planches), travail destiné à faciliter aux artistes l’étude des costumes et des mœurs de l’antiquité.

MALL10T"(Antoine-Louis), chanteur, compositeur et écrivain français, fils de l’un des deux inventeurs de la combinaison métallique connue sous le nom de maillechort, né à Lyon en 1818, mort à Rouen en 1867. Il étudia d’abord l’architecture, puis s’adonna à la musique. En 1S32, il entra à l’école de Choron, après la mort duquel (1834) il fut admis au Conservatoire ; dès l’année suivante, Malliot aborda le théâtre et se produisit comme ténor dans plusieurs villes de France et de Belgique ; mais bientôt fatigué du théâtre, il se fixa à Rouen comme professeur de chant, devint critique musical du Mémorial de Rouen, puis du Nouvelliste, et se lança ensuite dans la carrière de compositeur. Après avoir publié des mélodies vocales, dont quelques-unes étaient écrites sur des paroles composées par lui, il fit représenter avec un vif succès à Rouen, au Théâtre des Arts (S décembre 1857), la Vendéenne, grand opéra eu trois.actes, paroles de M. Frédéric Deschamps, et donna en 1861, sur le même théâtre, la Truffomanie, opéra-bouffe en un acte, paroles de M. Ch. Letellier, qui réussit aussi complètement. Depuis lors, tout en continuant ses travaux de critique, Malliot publia les écrits suivants, dans lesquels on trouve des idées ingénieuses etun réel talent : la Musique au théâtre (Paris, 1863, in-12), livre qui fit faire un grand pas à la liberté des théâtres ; le Nouveau régime des théâtres dans les départements (Rouen, 1865, in-12) ; Institut Doieldieu ; création d’un conservatoire de musique à Rouen (1866, in-8o) ; Deuxième pétition au Sénat ; fondation des théâtres impériaux et des conservatoires de la province (Paris, 1866, in-8<>) ; Institut Roieldieu ; création d’un conservatoire de musique à Rouen ; appendice (Rouen, 1867, in-S°).

MALL1U5 (Caius), l’un des complices de Catilina, mort en 62 av. J.-C. Il commandait l’aile gauche de l’armée dans la bataille où ce célèbre conspirateur périt avec ses partisans.

MALLOBAU DES, ancien chef des Francs. V. Mellobaudes.

MALLOCÈRE s. f. (mal-lo-sè-re — du gr. mallos, toison ; keras, corne). Entom. Genre de coléoptères subpentamères, de la famille des longicornes, composé de sept espèces américaines.

MALLOCOQUE adj. (mal-lo-ko-ke— du gr. mallos, toison ; kokkos, graine). Bot. Dont le fruit est velu.

— s. f. Espèce de grewie, plante de la famille des tifiacées, qui croit dans les lies de la mer du Sud.

MALLODÈRE s. m. (mal-lo-dè-re — du gr. mallos, toison ; deré, cou). Entom. Genre de coléoptères, de la famille des prioniens, comprenant une seule espèce qui habite le Chili.

MALLODON s. m. (mal-lo-don — du gr. mallos, toison : odous, dent), Entom. Genre de coléoptères subpentamères, de la famille des longicornes.

— Encycl. Ce genre est caractérisé par ce fait que les mâles ont des mandibules longues, robustes et garnies intérieurement d’un duvet jaunâtre ; la surface de-leur corps est aplatie ; le prothorax, carré et dentelé, est couvert en dessus de plaques luisantes et

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saillantes. La couleur de ces insectes est d’un châtain marron. Le genre renferme vingt-deux espèces, dont quinze sont originaires d’Amérique, trois de l’Asie, deux d’Afrique et deux d’Australie.

MALLOGASTRE s. m. (mal-lo-ga-stre —du gr. mallos, toison ; gastér, ventre). Entom. Syn. de rhinaspis.

MALLOGONE s. m. (mal-lo-go-ne — du gr, mallos, toison ; gonu, genou). Bot. Syn. de

PSAMMOTROPHÏS.

mallon s. m. (mal-Ion). V. malon.

MALLOPHORE s. f. (mal-lo-fo-re — du gr. mallos, toison ; phoros, qui porte). Entom. Genre de diptères brachocères, de la famille des asiliens, comprenant seize espèces exotiques.

— Bot. Genre de verbénacées, comprenant des arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande.

MALLORA s. f. (mal-lo-ra). Bot. Palmier de Madagascar, dont le fruit rond fournit une espèce de fécule.

— Mythol. gr. Surnom de Cérès chez les Mégariens.

MALLORCA, nom espagnol de l’île Majorque.

MALLOS ou MALLUS, ville de l’ancienne Asie Mineure, dans la Cilicie, sur le Pyramus, près de la mer, à 63 kilom. S.-E. de Tarse. Le divin Mopsus y avait un oracle.

MALLOSOME s. m. (mal-lo-so-me— du gr. mallos, toison ; sôma, corps). Entom. Genre de coléoptères subpentamères, de la famille des longicornes, renfermant six espèces américaines.

MALLOTE s. m. (mal-lo-te). Ichthyol. Syn.

de LODDB,

— Bot. Syn. de rottlère.

MALLOUF (Nassif), orientaliste syrien, né à Zabouga, dans la mont Liban, en 1823. Il appartient à une famille catholique du rite grec melkite. De bonne heure, il montra une grande aptitude pour les langues, compléta son instruction à Beyrouth, à Constantinople, à Smyrne, et devint, en 1845, professeur de langues orientales au collège de la Propagande que les lazaristes dirigent dans cette dernière ville. À la connaissance de l’arabe, du turc, du persan, etc., Mallouf joint celle de plusieurs langues européennes, notamment du français et de l’anglais. Pendant la guerre de Crimée, en 1854, il fut nommé premier secrétaire interprète du général commandant en chef le contingent anglo-ottoman. Il fit alors aux officiers anglais un cours de turc et, après la guerre, il est allé habiter pendant quelqu-e temps Londres, où la Société asiatique do la Grande-Bretagne l’a reçu au nombre de ses membres. On a de lui un assez grand nombre d’ouvrages, dont les principaux sont : Clef de la luiigue turque (Smyrne, 1848) ; Dictionnaire français - turc (Smyrne, 1849) ; Nouveau manuel épistolaire turc (Constuntinople, 1850) ; Guide de ta conversation en turc, arabe, persan (Smyrne, 1852) ; Abrégé de grammaire orientale turque, arabe, persane (1853) ; des Dialogues françaisturcs, français-arabes ; des historiettes, conversations, petits contes, etc.

MALLOW, ville d’Irlande, comté et à 26 kilom. N.-O. de Cork, sur le Blackwater ; 9,975 hab. Sources minérales et établissement de bains très-fréquenté. Salines et tanneries. L’église a été bâtie en 1818, près des ruines d’un ancien édifice religieux.

MALLUS s. m. (mal-luss). Hist. Assemblée des Francs, qui jugeait les procès importants portés devant les rachimbourgs ou scabini. Il On dit aussi mallum, mal et malle.

— Encycl. Le mallus était l’assemblée des Francs, qu’on appelait aussi champ de mars ou champ de mai. Les Francs s’y rendaient en armes et y siégeaient comme juges et comme arbitres des affaires publiques. Ils y offraient des présents à leur roi ou chef de guerre, jugeaient avec lui les affaires portées à son tribunal et décidaient les questions de paix, de guerre, etc. Le mallus se tenait d’ordinaire deux fois par an. C’était aussi une sorte de revue militaire. « Clovis ordonna, dit Grégoire de Tours, que tous les Francs se réuniraient au champ de mars pour faire briller l’éclat de leurs armes. • L’introduction des évêques dans le mallus ne tarda pas à transformer ces assemblées. Elles ressemblèrent alors à des conciles plutôt qu’à des réunions de barbares discutant tumultueusement leurs intérêts. Sous Charlemagne, l’ordre introduit par l’empereur dans toutes les parties du gouvernement régna aussi dans les assemblées franques. Un curieux document de cette époque, dû à l’archevêque de Reiras Hincmar, et tiré du traité intitulé : De^ordine palatii (De l’ordréobservé dans le palais), retrace le tableau des champs de mai. Voici un fragment de cet écrit : « C’était l’usage de ce temps de tenir chaque année deux assemblées. La première avait lieu au printemps ; on y réglait les affaires générales de tout le royaume ; aucun événement, si ce n’est une nécessité impérieuse et universelle, ne faisait changer ce qui y avait été arrêté. Dans cette assemblée se réunissaient t.usles grands, tant ecclésiastiques que laïques ; les plus considérables (seniores) pour prendre et arrêter les décisions ; les moins considérables (minores) pour recevoir ces décisiens et

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quelquefois en délibérer aussi et les confirmer par leur opinion et l’adhésion de leur intelligence. L’autre assemblée, dans laquelle on recevait les dons généraux du royaume, se tenait seulement avec les plus considérables de l’assemblée précédente et les principaux conseillers ; on commençait à y traiter des affaires de l’année suivante, s’il en était dont il fût nécessaire de s’occuper d’avance, comme aussi de celles qui pouvaient être survenues dans le cours de 1 année qui touchait à sa fin et auxquelles il fallait pourvoir provisoirement et sans retard. Ces assemblées se composaient de l’apocrisiaire ou chapelain du palais, des plus habiles et des plus prudents parmi les officiers du palais, enfin des conseillers choisis parmi les laïques et les ecclésiastiques les plus éminents. On y discutait les lois appelées capitulaires, et des messagers transmettaient le résultat de leurs délibérations a l’empereur, qui adoptait alors une résolution à laquelle tous obéissaient. Si ceux qui délibéraient sur les matières soumises a leur examen en manifestaient le désir, le roi se rendait auprès d’eux, y restait aussi longtemps qu’ils le voulaient, et là ils lui rapportaient avec une entière familiarité ce qu’ils pensaient et quelles étaient les discussions qui s’étaient élevées entre eux. Si le temps était beau, tout cela se passait en plein air, sinon dans plusieurs bâtiments distincts, où ceux qui avaient à délibérer sur les propositions du roi étaient séparés de la multitude des personnes venues a l’assemblée, et alors les hommes les moins considérables ne pouvaient entrer. Les lieux destinés à la réunion des seigneurs étaient divisés en deux parties, de telle sorte que les évêques, les abbés et les clercs ’élevés en dignité pussent se réunir sans aucun mélange de laïques. De même les-comtes et les autres principaux de l’État se séparaient, dès le matin, du reste de la multitude jusqu’à ce que, le roi présent ou absent, ils fussent tous réunis, et alors les seigneurs ci-dessus désignés, les clercs d’un côté, les laïques d’un autre, se rendaient dans la salle qui leur était assignée et où on leur avait préparé des sièges. Lorsque les seigneurs laïques ou ecclésiastiques s’étaient ainsi séparés de la multitude, il demeurait en leur pouvoir de siéger ensemble ou séparément, selon la nature des affaires qu’ils avaient à traiter, ecclésiastiques, séculières ou mixtes. De même,

s’ils voulaient faire venir quelqu’un, soit pour demander des aliments, soit pour faire quelque question, et le renvoyer après en avoir reçu ce dont ils avaient besoin, ils en étaient les maîtres. Ainsi se passait l’examen des affaires que le roi proposait à leur3 délibérations. La seconde occupation du roi était de demander à chacun ce qu’il avait à lui rapporter ou à lui apprendre sur la partie du royaume d’où il venait ; non-seulement cela leur était permis à tous, mais il leur était strictement recommandé de s’enquérir, dans l’intervelle des assemblées, de ce qui se passait au dedans et au dehors du royaume, et ils devaient chercher à le savoir des étrangers comme des nationaux, des ennemiscomme des amis, quelquefois en employant des envoyés, et sans s’inquiéter beaucoup de la manière dont étaient acquis les renseignements. Le roi voulait savoir si, dans quelque partie ou quelque coin du royaume, le peuple murmurait ou était agité, et quelle était la cause de l’agitation. » C’est à tort que quelques écrivains, entré autres Mably, ont cru voir dans ces assemblés carlovingiennes une représentation nationale composée de trois chambres, du clergé, de la noblesse et du peuple. Le peuple n a aucun rôle dans ces champs de mai, et les grands, laïques ou ecclésiastiques, n’y figurent que comme assemblée consultative. Toute l’autorité appartient à l’empereur. V. Guizot, Essai sur l’histoire de 'France eiMistoire de la civilisation en France.

MALMAISON s. f. (mal-mè-zon). Bot. Nom vulgaire de l’astragale des champs.

MALMAISON (la), hameau de France (Seineet-Oise), commune de Rueil, canton de Marly, arrond. de Versailles, à 13 kilom. O. de Paris ; 275 hab. Le nom de ce hameau provient de l’invasion des Normands au ixo siècle. Comme des pirates y séjournèrent quelque temps, et que leur présence fut fatale aux alentours, le nom de Mata mansio resta à la localité. En 1244, La Malmaison n’était, pour ainsi dire, qu’une grange dépendant de la paroisse de Rueil. Au xive siècle, on voit ce fief rendre hommage à l’abbaye de Saint-Denis. En 1622, Christophe l’errot, conseiller au parlement de Paris, en était seigneur et en portait le nom. La Malmaison devint successivement ensuite la propriété de la famille de Barentin, du contrôleur général de Séchelles, de Mm« Harenc, qui y attira une société de lettrés et de philosophes, et de la famille Le Coulteux, qui en était propriétaire à l’époque de la Révolution. En 1798, Joséphine Beauharnais, devenue Mme Bonaparte, acheta à Le Coulteux la terre de La Malmaison moyennant 160,000 fr. Après y avoir fait les travaux d’installation indispensables, elle y passa toute la fin de l’automne de 1798 et la belle saison de 1799. Là se réunit bientôt tout un monde de poètes que Joséphine s’efforçait de gagner à la cour du futur dictateur. Bernardin de Saint-Pierre, Arnault, Ducis, Legouvé, Lemercier, Joseph Chénior, Méhul Talma, Volney, Andrieux,

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Picard, Collin d’Hàrleville, Baour-Lormian, Parsevnl-Grandmaison, Alexandre Duval, Bouilly, Gérard, Girodet, Lesueur, etc. À ces réunions des jeudis de La Malmaison brillait aussi toute une pléiade de jolies femmes : les sœurs du maître de la maison, Hortense da Beauharnais dans l’éclat de ses dix-huit ans, la comtesse Fanny de Beauharnais, la comtesse d’Houdetot, mesdames Caffarelli, Damas, Andréossy, Tallien, Regnault do Saint-Jean-d’Angely. C’est dans co salon de La

Malmaison que Legouvô lut dans sa primeur son poëme si connu du Mérite des femmes, que Bouilly déclama son drame de l’Abbé de l’Epée et qu’Arnault récita ses Fables. Co salon, en apparence purement littéraire, n’en fut pas moins d’une grande influence sur la fortune du premier consul. C’est là, pendant que Bonaparte en Égypte risquait de se fuiro oublier en France, que Joséphine, avec un zèle et une habileté féminine incomparables, lui ralliait les esprits indécis. Grâce à elle, Bonaparte trouva à son retour son parti formé (1799) et, peu après, il commit l’attentat du 18 brumaire qui devait avoir pour la France de si désastreuses conséquences. Dovenu premier consul, « le Corse aux cheveux plats » se rendit fréquemment à La Malmaison, que Joséphine agrandit, embellit, et dont elle fit une sorte de Trianon. Le Trianon consulaire eut ses kiosques, ses temples de l’Amour, ses bergeries, ses chaumières, ses jeux, de billard remplaçant le jeu de bague et sou petit théâtre, comme l’ancien Trianon do Marie-Antoinette. La Mnlmaison possédait, en outre, une remarquable bibliothèque, élément grave qui manquait à l’ancien Trianon, et bientôt on y fit construire une salle do spectacle. Le parc fut agrandi de toute la plaine qui le séparait de Rueil. Derrière le château, on vit bientôt se dérouler une vaste pelouse d’un kilomètre de rayon environ, arrosée de ruisseaux dont un petit temple voilé parla futaie abritait la source. Ces eaux vives et courantes formaient plusieurs chutes et allaient en serpentant se jeter dans un lac au bout du jardin, où elles se brisaient contre un affluent venant en sens contraire avec des bouillonnements et des soubresauts de cataracte. Quant au château lui-même, son apparence n’a rien que de très-ordinaire. De chaque côté du péristyle, Joséphine fit placer deux petits obélisques en marbre rouge, provenant de l’ancien château de Richelieu en Poitou. Au rez-de-chaussée, elle installa d’un côté du grand vestibule les salons de réception, la salle de billard et une galerie ; de l’autre, la salle à manger, la salle du conseil, le cabinet de travail disposé en forme de tente militaire et d’une grande simplicité. Joséphine fit ajouter à chaque extrémité do la façade deux pavillons avançant sur la cour d’arrivée et destinés, comme les bras du corps do logis principal, au logement des’gens de service. Enfin, au premier étage, se trouvaient les appartements de Joséphine et du premier consul, reliés par une vaste galerie d’apparat, qui s’épanouissait sur toutu la longueur des bâtiments, au demi-étago formant le couronnement de l’édifice et distribué en une série d’appartements ou de chambres uniques pour les aides de camp, les secrétaires et les invités. Les architectes Percier et Fontaine avaient été chargés de l’installation intérieure ainsi que des modifications extérieures de La Malmaison ; Lenoir et Berthault s’occupèrent plus exclusivement du parc. Une galerie de statues de marbre, provenant de l’ancien château de Marly, orna la façado donnant sur la cour d’honneur. De nombreux tableaux de Gérard et de Girodet figuraient dans les salons, le portrait de Joséphine entre autres, celui d’Hortense de Beauharnais et divers sujets empruntés aux poésies d’Ossian, pour lesquelles Bonapartéavait, comme on sait, une prédilection exceptionnelle. Indépendamment do ces toiles nouvelles, la

galerie de La Malmaison possédait encore do nombreux trésors artistiques, chefs-d’œuvre des maîtres anciens : la Ierme d’Amsterdam, de Paul Potter ; l’Entrée de forêt, de Berghem j le Tir de l arquebuse, de David Teniers ; les Quatre heures du jour, de Claude Lorrain ; le Pacha faisant peindre sa maîtresse, de Carlu Vanloo. Citons encore le Peintre français Stella dans les prisons de l’inquisition à Rome, par Granet ; la Mort de Raphaël, par Bergoret ; la Nymphe, de Mmt>Mayer ; l’Intérieur de la salle du ïnm siècle au Musée des monuments français, chef-d’œuvre de Bouton, et de nombreux antiques et statues de toutes sortes, grecs, étrusques, égyptiens, notamment dix petits tableaux sur un enduit de ciment recouvert de stuc, représentant Apollon Musagète et les Neuf Muses, spécimen unique de l’art grec offert par le roi de Naples à’ M’a* Bonaparte, k son passage en Italie. Telle était La Malmaison sous le Consulat. À cette époque, Bonaparte séjournait souvent dans cette résidence, qu’il abandonna peu après pour habiter Saint-Ûloud. Après la proclamation de l’Empire (1804), La Malmaison fut à peu près complètement abandonnée ; mais lorsque le divorce de Bonaparte et de Joséphine eut été prononcé, l’impératrice déchue se retira dans la demeure qu’elle avait tant contribué à embellir. C’est là qu’elle vécut dans l’ombre depuis 1811, au milieu d’un petit cercle fidèle où nous signalons Isabey, Redouté, Lenoir et Bonpland. Lors de l’invasion, en 1814, l’empereur Alexandre da Russie alla rendre visite à Joséphine, ]ui,