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intentions, qu’on s’en prenne d’abord à l’anarchie révolutionnaire, puis à la guerre ! Mais pourquoi-a-t-il fait constamment la guerre ? Il répond : parce que l’Europe, l’Angleterre à sa tête, me força à la guerre. Je désirais la paix, j’attendais la paix… Alors, je me réservais de donner la liberté, et j’aurais mis ma gloire à régner en monarque constitutionnel. Malheureusement, tous les actes de l’empereur démentent la sincérité de ces promesses tardives. Si les guerres de Napoléon eurent un but réel, ce but fut la conquête, la satisfaction d’une colossale ambition au moyen de l’asservissement de l’Europe et de la France. En parlant ainsi, en essayant d’associer les idées libérales à la cause impériale, il est évident que le prisonnier de Longwood et ses compagnons de captivité comptaient encore sur les vicissitudes de la politique, sur un nouveau retour de l’île d’Elbe, et tout au moins sur les titres de Napoléon II au souvenir de la France, que les Bourbons et les royalistes s’étaient déjà aliénée. Il est permis de supposer, sans suspecter la bonne foi du narrateur, qu’il a passé sous silence quelques-uns des entretiens de Sainte-Hélène sur les projets et les vœux formés par le maître et les serviteurs. En publiant le Mémorial, Las Cases se proposa certainement de ramener l’opposition libérale et la sympathie des gouvernements à la cause du captif du cabinet anglais. Chargé de la négociation à bord du Bellérophon, Las Cases savait très-bien que Napoléon n’avait d’autre asile que l’hospitalité britannique, et que cette hospitalité serait amère et méfiante. Averti par Napoléon lui-même avant leur départ de Paris pour l’exil, il se plaint d’autant plus, il se plaint toujours, il se plaint trop. Son dévouement est son excuse.

« Assurément, dit un critique, il est permis de douter que toutes les idées, tous les mots prêtés par Las Cases à l’empereur dans son Mémorial de Sainte-Hélène soient parfaitement authentiques, et de penser qu’il y met très-souvent du sien ; mais on ne saurait méconnaître dans ce livre un de ceux qui font le mieux juger les pensées intimes du Charlemagne moderne. »

Le Mémorial est un long réquisitoire contre le gouverneur Hudson Lowe, et, comme tout réquisitoire, il exagère fort les choses. La partie intéressante et instructive de cette relation est celle qui nous dévoile les pensées et les vues de haute politique, les sentiments et les appréciations de Napoléon sur les hommes et les événements publics, les nuances de son caractère. De nombreux témoignages ont attesté l’exactitude de Las Cases sur ce point. « Le Mémorial, dit Walter Scott, présente le meilleur recueil, non-seulement des pensées véritables de Bonaparte, mais encore des opinions qu’il voulait faire passer pour telles. » Le même écrivain a dit, en outre, de l’auteur : « Ce qui le rendait surtout précieux, c’est qu’il recueillait et consignait sur un journal tout ce que disait Bonaparte, avec une fidélité scrupuleuse et un zèle infatigable… Son admiration pour son héros est si grande, que parfois on serait tenté de croire qu’il n’a pas une idée bien exacte du bien et du mal, tant il est porté à trouver tout ce que Napoléon dit ou fait invariablement bien. » Le Mémorial de Sainte-Hélène, les Chansons de Béranger et l’Histoire du Consulat et de l’Empire par M. Thiers ont puissamment contribué au second avènement de la dynastie napoléonienne. Cet ouvrage compte un grand nombre d’éditions.

Une Suite au Mémorial de Sainte-Hélène a été donnée par MM. Grille et Musset-Pathay (Paris, 1824, 2 vol. in-8°).


MÉMORIALISTE s. m. (mé-mo-ri-a-li-ste — rad. mémoire). Auteur de mémoires historiques.


MEMPHIS, la Moph des Hébreux, appelée Menf par les Arabes, ville importante et une des capitales de l’ancienne Égypte, dans l’Heptanomide, sur la rive gauche du Ni !, à 35 kilom. S. de la pointe du Delta, à 20 kilom. S. de la ville moderne du Caire, à l’E. du village de Sukkariih, un peu au S. des célèbres pyramides de Gizèh. Si nous précisons ainsi la position de l’ancienne Memphis, c’est que son emplacement, longtemps ignoré et découvert à grand’peine par les savants associés à l’expédition d’Égypte, est aujourd’hui couvert de plantations dé palmiers, au milieu desquelles on rencontre quelques statues mutilées, quelques monceaux informes do pierres et de décombres, et les deux pauvres villages modernes de Mitrahin et Bedrechein. Et cependant, sur ce sol aujourd’hui désert et désolé, s’éleva jadis une de ces cités merveilleuses dont les proportions et les monuments gigantesques font paraître microscopiques les plus vastes constructions modernes.

D’après les données recueillies dans le texte des auteurs grecs et latins, Memphis mesurait 10 kilom. de longueur sur 5 kilom. dé largeur ; elle avait, suivant Diodore de Sicile, 150 stades (28 kilom.) de tour. Les places, les jardins et autres lieux publics occupaient une partie de cette surface ; sa population était de 700, 000 hab. Parmi ses temples nombreux, quatre surtout étaient renommés par leur sainteté, leur grandeur et leur magnificence : c’étaient ceux de phthà, divinité tutélaire de la ville (assimilée, par JablonSki au Yulcaia des Grecs) ; d’Iraf ou Hathbr, d’Apis et de Sêrapis. Le temple de Phtha, que la munificence de plusieurs rois agrandit et orna, eut pour toute l’Égypte la même importance que le temple d’Ammon à Thèbes, et fut l’objet de la même vénération. Quant au temple dé Sérapis (Serapeum), depuis longtemps enseveli sous les sables, il a été découvert de nos jours par M. Mariette. C’est un temple colossal, précédé d’une avenue de 600 sphinx, que termine un, hémicycle formé de statues grecques de Pindare, Lycurgue, Solon, Euripide, Pythagore, Platon, Eschyle, Homère, Aristote, — reconnaissables à leurs attributs et à leurs noms visiblement écrits en grec. Les hypogées, où étaient déposés les bœufs Apis après leur mort, faisaient également partie du Sérapôum. Cette partie du monument est tout entière creusée dans le roc ; chacun des Apis avait une chambré sépulcrale séparée ; on en a compté une centaine. Ce qui donne une grande importance historique à cette découverte, ce sont les inscriptions qui accompagnent chaque tombe, où est relatée la date précise, delà mort du bœuf sacré rapportée à l’année courante du, prince régnant. De cette façon, on a pu fixer d’une manière certaine la chronologie des dernières dynasties pharaoniques. Un nombre considérable de galeries et de rues forment de cet ensemble une nécropole souterraine. C’est là qu’ont été trouvés la plupart des monuments et des objets qui forment notre musée égyptien au Louvre, musée sans rival en Europe. Outre ces temples et le palais des rois, Memphis avait aussi une bibliothèque, des archives publiques et un niloinétre. Hérodote, D|odore de Sicile et Strabon virent les restes de ces magnificences. Le premier nous dit avoir appris des prêtres égyptiens que Menés, premier roi d’Égypte, fut le fondateur de Memphis et des grands ouvrages destinés à défendre cette ville. Le Nil coulait tout entier au pied de là montagne, à l’Ô. ; le reste de la plaine était privé d’eau. Mènes éleva une digue, et, détournant le Nil de sa pente naturelle, le força de couler à une égale distance des deux montagnes qui bornent cette plaine. Sur l’emplacement de l’ancien lit, il jeta les fondements d’une ville nouvelle, l’entoura au N. et à l’O. d’un lac en communication avec le fleuve, qui la couvrait, à l’E. Cette ville reçut le nom dé Mennéfer, qui signifie « la bonne place, » et d’où les Grecs ont fait Memphis. « Cette ville, dit M. Champollion-Figeac, dut s’agrandir bien vite ; car elle fut très-anciennement un vaste entrepôt de commerce. Des routes diverses la favorisaient ; elle communiquait facilement avec toute la côte de la Méditerranée et, par le canal des deux mers, avec la mer Rouge. Les teintures des belles étoffes de Tyr se faisaient à Memphis, qui produisait aussi de belles broderies que les anciens surnommaient dés peintures à l’aiguillé. « Au nombre des mémorables événements qui se sont passés à Memphis dans ces temps reculés, il convient de placer ceux qui se rapportent aux personnages de l’histoire sainte. Thèbes, cette rivale de Memphis, n’est point nommée dans la Bible ; c’est avec Memphis que les Israélites du temps d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Joseph, de Moïse furent en rapport ; c’est là que vécut et gouverna Joseph, que naquit Moïse et qu’il entreprit la délivrance du peuplé juif. La décadence de Memphis fut lente et progressive : sous la domination persane et la dynastie des Ptolémées, Memphis conserva une haute importance, mais elle commençait à tomber en, décadence, et Alexandrie devint pour elle une rivale dangereuse. Déjà, à l’époque de Strabon, plusieurs palais étaient à moitié en ruine, quoique la ville fût encore grande et bien peuplée. Plus tard, lors de l’invasion arabe, la construction du Caire porta à Memphis le dernier coup, et, au temps d’Abdallatif, la présence de la ville ne se constatait plus qu’à l’aidé dès débris qu’elle avait laissés ; mais ces débris étaient encore imposants. Voici comment s’exprime sur les ruines de Memphis cet historien arabe de la fin du XIIe siècle : « Malgré l’immense étendue de Memphis et sa haute antiquité ; maigre les vicissitudes dès divers gouvernements dont elle à subi le joug ; quelques efforts que différents peuplés aient faits pour l’anéantir, pour eh faire disparaître jusqu’aux moindres vestiges et en effacer jusqu’aux plus légères traces, en transportant ailleurs les pierres et les matériaux dont elle était construite, en dévastant ses édifices, en mutilant les statues qui en faisaient l’ornement ; enfin, malgré tout ce que quatre cents ans et plus ont dû ajouter à tant de causes de destruction, ses ruines offrent encore à ceux qui les contemplent une réunion de merveilles qui confond l’intelligence et que l’homme le plus éloquent entreprendrait inutilement de décrire. Plus on la considère, plus on sent augmenter l’admiration qu’elle inspire, et chaque nouveau coup d’œil que l’on donne à ses ruines est une nouvelle cause de ravissement… » Un siècle et demi après Abdallatif, un autre écrivain arabe parle encore de Memphis ; mais plus tard, sous l’administration turque, les canaux qui préservaient la ville des dépôts du Nil furent négligés, et le Nil en couvrit bientôt le sol ; les sablés de là Libye s’avancèrent sur les terrains incultes et abandonnés, et les ruines de Memphis furent ensevelies sous un lit de sable et de limon. Ce ne fut qu’au commencement de ce siècle que les égyptologues modernes tirèrent de l’oubli l’antique capitale des Pharaons.

Un concile fut tenu dans cette ville en ruine en 1582, par ordre du pape Grégoire XIII. Ce concile, qui eut trois réunions, s’occupa d’amener l’extinction des hérésies de Nestorius et de Dioscore, et de provoquer la réunion des Cophtes à l’Église romaine.

On consultera avec fruit sur cette ville : Fourmont, Description des plaines d’Hélippolis et de Memphis ; Niebuhr, Voyages ; Jomard, Description de l’Égypte ; Bois-Aymé, Description de l’Égypte.’

Memphis (rite de). Ce rite maçonnique date de 1838 et eut pour fondateur un homme de lettres, fort inconnu d’ailleurs, le frère Marconnis, décédé en 1868. Il compte 95 grades ou degrés et prétend remonter aux mystères de l’ancienne Égypte. Sa légende est un roman absurde, plein de contre-sens historiques et de mensonges impudents. Citons, instar omnium, le dépôt des archives du rite, écrit en caractères chaldéens et conservé à la fois dans l’arche vénérée de l’ordre, à Paris dans la grande loge d’Écosse, à Édimbourg, et dans le couvent des Maronites, sur le mont Liban, etc., etc. Le journal maçonnique le Globe (IIe vol., p. 392 et 397) en fit des gorges chaudes. Plus tard, MM. Rebold, dans son Histoire des trois grandes loges, et Jouaust, dans son Histoire du Grand Orient, ont également raillé les prétentions de cette pseudo-maçonnerie, qui se proclamait le vrai rite primitif, le rite par excellence. L’inventeur du rite de Memphis n’avait, au dire des maçons des autres rites, qu’un seul but, d’exploiter la vanité des adeptes de son rite en leur vendant des patentes de ses hauts grades ; et c’est pour cette raison, dit-on, qu’il avait élevé le nombre de ses degrés jusqu’au chiffre de 95, attendu que la plus riche nomenclature de grades connue jusque-là était celle du rite de Misraïm, qui ne s’élève qu’à 90. Ce qui a donné un semblant de vie à ce régime maçonnique, c’est qu’un certain nombre de maçons français, à Paris et à Londres, voulant fonder, des loges indépendantes de toute attache avec les pouvoirs maçonniques dits réguliers, qui régissent la société en France et en Angleterre, adoptèrent les formes de ce rite sans s’inquiéter autrement des origines de ce nouveau venu dans la grande famille. V. franc-maçonnerie, grades, rites.

MEMPHITE s. et adj. (main-fi-te). Géogr. anc. Habitant de Memphis ; qui appartient à celte ville ou à ses habitants : Les Memphites. La population memphite. Les monuments memphites.

MEMPHITIQUE adj. (main-fi-ti-ke). Lingnist. Se dit d’un dialecte égyptien parlé à Memphis.

— s. f. Antiq. gr. Sorte de danse armée ; plus souvent appelée pyrrhique.

MEMPHRAMAGOG, lac de l’Amérique du Nord. Il s’étend au N., et au S. dans le, bas Canada et l’État de Vermont, sur une longueur de 54 kilom., avec une largeur de 4 kilom. Il communique au fleuve Saint-Laurent par la rivière Saint-François.

MENA (Juan de), poëte espagnol, un des plus brillants de la cour de Juan II, né à Cordoue en 1411, mort en 1456. C’est un véritable poëte de cour, spirituel, léger, avec la dose de subtilité métaphysique exigée, de tout écrivain de ce temps-là. D’une famille honorable, mais plébéienne, après avoir, étudié à Salamanque, s’être perfectionné à Rome, avoir acquis une instruction assez complète pour l’époque, il sut se bien faire venir à la cour de Juan II par son esprit, son savoir. Il fut le favori du prince, l’ami des grands, chose assez remarquable à une époque où les écrivains ne se recrutaient en Espagne que parmi la noblesse ; et avaient à leur tête les Villena et les Santillane. Il marqua pour ainsi dire l’avénement de la classe moyenne dans les lettres. Juan II le nomma son secrétaire des lettres latines ; puis son-chroniqueur ; il exerça cette fonction d’historiographe jusqu’en 1445 ; et, s’il faut en croire Cibdareal ; le physicien du roi, c’est-à-dire son médecin ; Juan II s’inquiétait beaucoup de ce que disait de lui Juan de Mena. Dans une douzaine de lettres que l’on a de Cibdareal à l’historiographe, on y voit fréquemment : « Le roi désire que vous parliez de ceci… ; le roi, qui de vous espère beaucoup de gloire, m’ordonne de vous raconter, etc. », Juan II était soucieux de la postérité. On attribue à Juan de Mena la suite de la Chronique de ce prince ; commencée par Garcia de Sainte-Marie.

Il a laissé une trace plus durable dans les lettres par ses poésies. Quoique entièrement espagnol et appartenant à une.période littéraire relativement avancée, il a encore quelque chose du— trouvère et du troubadour. Vivant à la cour, suivant le roi partout, il ne voit que le roi et la cour ;. ses écrits en reflètent admirablement les mœurs. Il n’est pas un homme illustre de son temps dont il n’ait parlé, dont il n’ait chanté les hauts faits. Ces poésies de circonstance, inspirées par le fait du moment, se trouvent dans les cancioneros, ceux de Baena et de Fernandez de Ixar surtout. Ce sont des compositions lyriques sur la bataille d’Olmedo (1445), sur la réconciliation du roi et de son fils (1446), la victoire de Peñafiel (1449), le siège de Palenza et la blessure qu’y reçut le connétable Alvaro de Lnna (1452). Même dans ses compositions plus importantes, il à le culte des grands hommes de son temps; il lui semblé qu’il ne sait écrire que.pour les chanter. C’est par là qu’il se rattache plus intimement que personne à son époque et que ses vers, en dehors dé leur mérite poétique, ont une certaine importance comme documents. La renommée le prit pour ainsi dire au berceau ; CibdureUI se trompé sans doute quand il le peint déjà célèbre en 1428, à dix-sept ans ; mais la vie n’eut pour lui que des sourires.

Son œuvre poétique est considérable. Le plus important de ses poèmes est le Labyrinthe ou Las Trecientas, ainsi nommé parce qu’il se compose de trois cents strophes. C’est une composition dantesque, assez obscure, pleine dé subtilités et d’allusions à des faits et à des personnages maintenant inconnus, mais qui, à un assez grand mérite dé forme, joint une importance historique considérable. Juan II tomba d’admiration devant cette œuvre, rare pour l’époque, et, voyant qu’elle était divisée en sept parties (sept roues) en mémoire des sept planètes, il supplia son poëte d’ajouter soixante-cinq octaves à ses trois cents, pour les faire concorder avec les jours, de l’année. On doute cependant que les vingt- quatre, strophes qui terminent le poëme et portent leur nombre à trois cent vingt-quatre soient de la main de Juan de Mena. Un autre poëme, Los siète pecados mortales, n’est pas moins subtil ni moins alambiqué que le Labyrinthe.. Ami du marquis de Sanlillane, il écrivit en son honneur une Coronacion, qui témoigne de sa grande admiration pour le noble écrivain. Ce poëme, le Labyrinthe et quelques poésies diverses, recueillies dans les Cancioneros et dans la Chronique d’Alvaro de Luna, furent imprimés ensemble à Valladolid (1536, in-4°). C’est la seule édition faite de son vivant. Il mourut à Torrelaguna, en 1436, d’une chute de cheval. Santillane lui fit ériger sur les lieux mêmes un monument ; et rédigea une épitaphe que l’on pouvait lire encore au siècle dernier. (Ponz, Voyage en Espagne).

Quoiqu’il ait écrit dans un idiome à peine formé, Juan de Mena possède de très-grands mérites littéraires. Il a fait faire à la langue espagnole un progrès notable. Comme chez nous Ronsard, il a essayé d’enrichir la langue en puisant à pleines mains dans les dialectes étrangers ; mais ce que le poëte vendômois cherchait dans le grec d’une façon un peu barbare et qui ne lui survécut pas, Juan de Mena le trouva d’une manière plus heureuse et plus durable dans le latin et dans la. langue des trouvères. On doit dire pourtant que toutes ses innovations ne furent pas heureuses et que « beaucoup de mots dont il s’est servi, inconnus avant lui, sont restés inusités après lui. « ’(Sarmieuto.) C’est une ressemblance de plus avec Ronsard : Outre les œuvres citées plus haut ; on lui attribue aussi les. Copias anonymes de Mingo Revulgo. ; mais cette œuvre d’opposition n’est pas dans le ton de Juan de Mena, poëte de cour avant tout ; d’ailleurs, cette satire, se rapporte plus spécialement à la cour de Enrique IV qu’à celle de Juan II.

MENA (Fernandez de), médecin espagnol, né dans la Nouvelle-Castille vers 1520. Il fut professeur à l’université d’Alcala de Henarès, puis premier médecin de Philippe II. Outre des traductions avec commentaires de plusieurs traités de Galien, on a de lui : De ratione permiscendi medicamenta (1555, in-8°) ; De septimestri parlu et purgantibus medicamentis (1568), etc.

MENA (Fèlipe-Gil de), peintre espagnol ; né à Valiadolid en 1600, mort en 1874. Après avoir suivi à Madrid les leçons de Jau van der Hamen, il établit dans sa ville natale une école gratuite de peinture et exécuta un grand nombre de tableaux, de portraits estimés, de dessins^ etc. Le meilleur de ses tableaux, dont la manière est entachée d’affectation, iest un Auto-da-fé. — Un auti’e-peintre, et sculpteur espagnol du même nom, don » Pedro’DK MKNA.,.né â. Adra (Grenade) on lGSO^mort.à Malaga en 1093, eut pour maître ÀloûzÔ dano et deviùt.un artiste fort habile, Parmi ses tableaux, ovi fiiifc’un Ç/irist’à l’à-: goniel tèuyre fort remarquable qui se trouvé à Gènes ;, parmi ses sculptures, une Conception de la Vierge, à Algendin ; une Madeleine pénitente, chez les jésuites de Madrid, etc.

MENABLE adj. (me-na-ble — rad. mener) : Qui peut être mené : Un peuple facilement menable.

MENABREA (Léon-Camille), magistrat et écrivain savoisien, né à Bassens, près de Chambéry, en 1804, mort à Chambéry en 1857. Reçu docteur en droit en 1827, il entra bientôt après dans la magistrature et devint conseiller à la cour d’appel de Chambéry. Tout en remplissant ses fonctions, Menabréa s’occupa beaucoup d’archéologie et d’histoire, et devint membre de l’Académie des sciences de Turin, secrétaire perpétuel de l’Académie de Savoie. En 1849, après la bataille de Novare, il prit part, en qualité dé conseiller de légation ; aux négociations de paix entamées entre l’Autriche et le Piémont. Parmi ses écrits, qui se distinguent par le charme et la pureté du style, par la clarté et la vigueur de là pensée, nous citerons : Feux follets (Paris, 1836), recueil de légendes ; JlequCés-